Avec une bonne floraison, les professionnels de la vanille envisagent une bonne récolte cette année, mais la filière bois de rose peut entraîner des conséquences néfastes.
D’après les bruits qui courent actuellement dans la SAVA, deux milliardaires, opérateurs en bois de rose, ont annoncé récemment qu’à eux seuls, ils sont capables d’acheter la totalité de la production nationale de vanille cette année.
200 milliards ariary. C’est dire à quel point le trafic de bois de rose a fait rapidement des personnes immensément riches. En effet, les prévisions font état d’une production de 1 800 tonnes de vanille exportable cette année 2014. Une quantité qui, au bas mot coûterait dans les 200 milliards d’ariary. Cette éventualité d’un monopole à deux de l’achat de la production de la vanille fera l’affaire des producteurs puisque depuis que ce bruit a commencé à courir, les planteurs font déjà de la surenchère en annonçant qu’ils appliqueront un prix de départ de 20 000 ariary le kilo de la vanille verte. Un prix local qui pourrait faire flamber une fois de plus les cours internationaux de la vanille préparée malgache qui se négocierait à partir de 90 dollars le kilo sur le marché international. Or, d’après un professionnel de la vanille, avec ce prix de base de 90 dollars, les industriels de l’arôme à base de vanille pourraient tout simplement se tourner vers la vanilline artificielle issue du procédé biotechnologique qui coûte moins cher.
Stabilité. Bref, une nouvelle menace plane sur la vanille malgache et les autorités ont intérêt à prendre préalablement les mesures qui s’imposent pour éviter cette possibilité de flambée des prix. Surtout en ce moment où la filière retrouve une certaine stabilité, aussi bien au niveau du prix que de la qualité. En effet, en 2012, la production nationale de vanille préparée exportable était d’environ 1200 tonnes. Une production qui est descendue à un peu moins de 1 000 tonnes en 2013, à cause d’une faible floraison. Mais cette année 2013 sera meilleure puisque, avec le retour à la bonne floraison depuis septembre à décembre, la production prévue est estimée à 1 800 tonnes exportables, une quantité suffisante pour inonder le marché mondial de la vanille encore et toujours dominé par la Grande Ile surtout depuis que les autres pays producteurs comme l’Inde, l’Indonésie, la Papouasie Nouvelle Guinée, ont pratiquement abandonné la filière.
Profit. En tout cas, si la filière ne serait pas perturbée par ces milliardaires du bois de rose, les professionnels de la vanille en tireront profit. En premier lieu, les producteurs qui ont bénéficié ces deux dernières années de prix stables et soutenus, à savoir, entre 15 000 ariary et 22 000 ariary le kilo de la vanille verte. Avec ce prix local, la fourchette de prix sur le marché international est évaluée entre 60 USD et 100 USD selon la qualité. Un prix jugé convenable et qui permettra de garder les acheteurs internationaux et partant de sauver encore la filière vanille de Madagascar.
R.Edmond