Alors même que la vente à l’internationale n’a pas débuté, la vanille commence déjà à booster l’ariary qui retrouve actuellement le chemin de l’appréciation.
Les paysans producteurs de vanille sont aux anges. Certains d’entre eux sont devenus des multimillionnaires en raison de la flambée sans précédent du prix de la vanille verte.
Cours record. A Ambanja, par exemple, le kilo de la vanille verte atteint actuellement les 160 000 ariary contre un prix de départ de 80 000 ariary en début mai. Même situation dans la SAVA que ce soit sur le littoral ou les zones montagneuses où l’on enregistre également un cours record de plus de 150 000 ariary le kilo de la vanille verte. A Maroantsetra, les cours sont également compris entre 110 000 ariary et 160 000 ariary durant la campagne verte. Au bas mot, un producteur disposant par exemple d’une tonne de vanille perçoit 150 millions d’ariary. Ramenée au niveau national où la production est estimée, cette année à un peu plus de 10 000 tonnes de vanille verte, on arrive à une somme astronomique de 1 500 milliards d’ariary. Ce qui représente une recette en devises d’environ 600 millions USD.
Appréciation. A priori, cette flambée des prix de la vanille pourrait être bénéfique à l’économie nationale dans la mesure où, non seulement elle va générer beaucoup d’argent liquide sur le marché, mais également et surtout, elle est appelée à faire en sorte que l’ariary retrouve sa compétitivité. En effet, une offre de 600 millions USD sur le MID entraînera à coup sûr une nette appréciation de l’ariary, notamment face au dollar. D’ailleurs, l’ariary enregistre déjà actuellement cette appréciation puisque le dollar qui était encore à environ 3 240 ariary en début juillet redescend actuellement à moins de 3000 ariary, plus exactement à 2 964,84 ariary hier sur le MID. En somme théoriquement, la campagne vanille pourrait constituer une bouffée d’oxygène pour l’économie nationale.
Vanille de synthése. Mais la réalité pourrait également être toute autre, dans la mesure où cette flambée des prix de la vanille pourrait tout simplement tuer la filière. En effet, avec un prix à l’international qui pourrait se situer dans une fourchette de 500 dollars à 700 dollars le kilo, les industriels de l’arôme pourraient tout simplement bouder la vanille malgache. Ils ont en effet le choix entre recourir à la production des pays concurrents comme l’Inde, l’Indonésie et la Papouasie Nouvelle Guinée ; ou opter tout simplement pour la vanille de synthèse. Par ailleurs, certaines mauvaises pratiques comme la cueillette de vanille immature ou encore la mise en emballage sous vide a fortement compromis la qualité de la vanille malgache. Nous en reparlerons.
R.Edmond
