
Les violences sexuelles ne constitueraient que 3% des violences basées sur le genre observées durant les raids des « dahalo ».
Les violences basées sur le genre sont partout, dans les villes comme dans les zones enclavées du pays. Un fait qui n’est plus à démontrer mais qui n’a pas pourtant toujours été pris en compte sérieusement. « L’Etude sur le phénomène de violence basée sur le genre durant les raids des dahalo » a essayé d’apporter plus d’explication sur la question en démontrant « différents aspects et conséquences desdites violences ». Entrant dans le cadre du mandat de l’UNFPA et menée au mois de juillet 2017 à Betroka, Ankazoabo et à Iakora, l’étude en question met en lumière les réalités locales durant le passage des « dahalo« . Ainsi, les « violences basées sur le genre concernent en premier lieu les hommes », notamment les chefs de familles. « Du fait de leur statut de chef de famille et propriétaire direct des zébus, les hommes desdites communes sont les cibles premières des ‘dahalo’. Ils sont donc victimes de blessures sévères et de traumatismes physiques voire la mort » a-t-on fait savoir durant la publication de l’étude à l’hôtel Colbert hier. Les violences basées sur le genre revêt d’autres formes chez les femmes a-t-on également expliqué. « Les femmes sont contraintes de fuir leur village avec leurs enfants et quelques affaires lorsque les ‘dahalo’ arrivent. Le phénomène impose des charges – psychologiques, physiques et financières – colossales aux femmes étant donné qu’elles et leurs enfants peuvent passer des semaines à aller d’un village à l’autre, sans aliment, emploi et abri » a fait savoir Holy Ravololomboahangy, membre de la délégation qui a effectué l’étude dans les communes cibles.
Tabou. Par ailleurs, l’étude a fait savoir que « 3% des violences basées sur le genre » observées durant les raids des « dahalo » dans les communes cibles concernent les violences sexuelles. La faible statistique s’expliquerait par le poids social des régions. « Le viol est un sujet tabou dans les sites où les enquêtes ont été menées. Le taux exact est toujours au-delà de ce qui se passe. Cela est dû au fait que les violences sexuelles sont dans la majeure partie des cas réglées entre les familles. Et en parler à des personnes extérieures aux familles ne fait pas partie des coutumes locales« . Par ailleurs, les violences basées sur le genre ont également d’autres aspects. Economiques, psychologiques et identitaires, elles affectent aussi bien les hommes que les femmes. Pour les hommes par exemple, « la disparition de leurs zébus est perçue comme la perte de leur identité et l’estime de leurs pairs« . Les violences psychologiques sont également grandement ressenties par les femmes. Ciblés par les « dahalo », elles sont victimes de viols (les familles taisent les cas) et servent d’otages pour affaiblir leurs maris. Les après-raids seraient durement vécus par les femmes si l’on se réfère toujours à l’étude. « Même après le retour au village, les femmes restent en permanence hantées par la peur d’être surprises à tout moment par les ‘dahalo’ » peut-on lire dans l’étude.
Recommandations. L’étude sur le phénomène de violence basée sur le genre pendant les raids des « dahalo » a fourni des pistes de propositions. La prise en charge des personnes victimes de raids des « dahalo » au même titre que les personnes victimes des catastrophes naturelles a été avancée. Le renforcement quantitative, en armement et qualitative des Forces de Sécurité travaillant dans les zones des « dahalo » figure également dans la longue liste de recommandations avancées par les initiateurs de l’étude. Partie intégrante du phénomène des « dahalo », la lutte contre les violences basées sur le genre est tributaire de celle tendant à éradiquer le phénomène « dahalo ».
José Belalahy