
Alors que les prix du cacao atteignent des sommets sur le marché mondial, une nouvelle tendance s’installe à Madagascar : la prolifération de produits chocolatés sans cacao. Un phénomène préoccupant, porté par des pseudo-chocolatiers qui inondent le marché local avec des produits bon marché, parfois vendus au même prix que le kilo de fèves de cacao — une absurdité économique qui cache une réalité inquiétante. Derrière ces prix étonnamment bas se cachent des substituts de piètre qualité, souvent composés de graisses végétales bon marché, comme l’huile de palme, et d’arômes artificiels. L’absence totale de cacao ou l’usage d’ingrédients fermentés, comme l’orge ou les féveroles, sans véritable traçabilité, soulève des questions non seulement gustatives mais aussi sanitaires. Cette dérive est d’autant plus préoccupante qu’elle menace directement la filière cacao locale.
Une réputation à préserver
Tandis que les planteurs malgaches espèrent tirer profit de la hausse des cours, ce sont surtout les collecteurs et des producteurs opportunistes qui profitent de la situation. Pire encore, l’invasion de chocolats bas de gamme risque d’éroder la réputation du cacao malgache, reconnu mondialement pour sa finesse. À l’heure où certains pays européens expérimentent des substituts pour des raisons écologiques ou économiques, Madagascar doit rester vigilant. L’absence de régulation stricte ouvre la porte à une confusion sur le marché et à une perte de confiance des consommateurs. Bref, préserver l’authenticité et la qualité du chocolat malgache est plus que jamais un enjeu stratégique pour la Grande-île.
Antsa R.