
La journée chômée du 23 avril dernier, décrétée par le gouvernement pour raisons organisationnelles, a suscité des réactions de la part du secteur privé. Les entreprises sont amenées à appliquer un système de récupération des heures non travaillées, entre pragmatisme économique et adaptation aux contraintes internationales.
Le 23 avril 2025 restera une date symbolique dans le pays, marquée par la visite d’État du président français Emmanuel Macron et par l’ouverture du Vᵉ Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Commission de l’océan Indien (COI) à Antananarivo. Pour assurer la fluidité logistique et sécuritaire de ces évènements diplomatiques d’envergure, l’exécutif a pris une mesure exceptionnelle : déclarer ce jour « chômé » et « payé » – mais non férié – sur tout le territoire. Si cette mesure a pu contribuer à l’administration de résoudre certains de ses soucis d’organisation nationale, elle a généré des réactions dans le monde de l’entreprise. Avec une journée de travail en moins dans leur calendrier, les sociétés ont vu leur productivité directe amputée, dans un contexte économique déjà tendu.
Face à cette situation, les groupements d’entreprises auraient rapidement sollicité le ministère du Travail pour proposer une mesure d’atténuation : la récupération des huit heures de travail perdues, sans majoration salariale, sur la période allant du 24 avril au 10 mai 2025 inclus. Cette demande aurait été entérinée par les autorités à l’issue d’une réunion tenue à la mi-avril. Les entreprises seraient ainsi autorisées à redistribuer ces heures selon leur propre organisation, qu’il s’agisse d’un allongement des journées ou de leur étalement sur les semaines suivantes.
Ce système de récupération, bien que ponctuel, reflète une volonté de maintenir l’équilibre entre respect des décisions gouvernementales et pérennité économique. Car derrière cette journée perdue, les employeurs expriment un malaise plus profond : celui d’une conjoncture économique fragilisée par des facteurs exogènes. Parmi les éléments de pression évoqués par les représentants du secteur privé figure notamment l’entrée en vigueur d’un nouveau tarif douanier américain appliqué aux exportations malgaches. Cette mesure, selon les entreprises, accroît le coût de leurs opérations et fragilise leur compétitivité. Dans ce contexte, toute perte de temps de travail est perçue comme un handicap de plus à surmonter.
Dialogue
« Il ne s’agit pas de remettre en cause les impératifs liés à la diplomatie ou à l’image du pays, mais de souligner les difficultés supplémentaires que cela représente pour nos structures », confie un cadre d’un groupement patronal. Pour les entreprises industrielles et exportatrices, le moindre jour chômé peut affecter les délais de livraison, les engagements contractuels et, in fine, la rentabilité. Le compromis trouvé autour du système de récupération est salué comme une solution temporaire et raisonnable. Mais il rappelle aussi la nécessité pour l’État et les entreprises de renforcer leur dialogue, notamment dans un contexte international de plus en plus incertain. Pour les acteurs économiques, chaque heure compte – et chaque décision publique doit, autant que possible, intégrer cette réalité.
Rija R.
Ils sont où les syndicats pour accepter cette mesure non informée et rétroactive ???