Les habitants du quartier d’Ampefiloha ne savent plus vers quel responsable se tourner. Depuis le début de l’année, l’insécurité gangrène ce « fokontany », réputé pour son inviolabilité et son accueil chaleureux. Dans la parcelle Kintana par exemple, les malfrats munis d’objets tranchants attendent au niveau des « spots » dans les couloirs pour détrousser ceux ou celles qui rentrent tard. Toujours dans cette parcelle, la voie d’accès entre la station ferroviaire, surnommée « Barrière », menant vers le parking limitrophe du Lycée Moderne Ampefiloha, est devenue la chasse gardée des bandits. Un couloir de la mort.
Cette vague d’insécurité ne se déroule plus aux heures les plus tardives. « Dès 19 h, un jour, je suis rentré tard. Je marchai tranquillement sur le parking pour rejoindre mon domicile. Deux gars sont apparus derrière moi et ont voulu s’empoigner. Heureusement, les gardiens du parking les ont tout de suite invectivés et ils sont partis », raconte un habitant de la parcelle. Pour celle de « Santos », des groupes d’individus armés sillonnent les couloirs en plein cœur du quartier. Ce sont des exemples parmi tant d’autres, mais ce sont toutes les parcelles qui baignent dans cette terreur. Sans crainte et sans pitié, la frayeur que ces bandits inspirent aurait fini par annihiler la légendaire solidarité d’Ampefiloha.
Champ de tirs et tentation. Il y a encore une quinzaine d’années, les jeunes de cette époque faisaient tout pourempêcher les voleurs en tout genrede sévir dans le quartier. Et leurs méthodes étaient plutôt efficaces. Une sorte d’autodéfense communautaire qui au fil des années s’est perdue et n’a plus été reprise. « Il y a des forces de l’ordre qui font des rondes, mais il faudra les renforcer surtout la nuit. Quelque part, il est difficile de l’admettre, mais depuis le retour des marchands sur les rails et des habitants de la Réunion Kely, l’insécurité est montée en flèche », fait savoir un jeune du quartier.
Selon un notable d’Ampefiloha, les solutions sont nombreuses. « Mais les responsables de tous les échelons ne semblent pas écouter les conseils, les doléances des habitants qui connaissent par cœur leur quartier. Vous savez, nous sommes toute proche du plus grand bureau de la police nationale. Paradoxalement, nous sommes les plus grandes victimes de l’insécurité actuellement », ajoute-t-il. Tout en gardant une once de fierté d’être du quartier et mettant en avant son sentiment d’appartenance. « Ampefiloha plie mais ne rompt pas ».
Maminirina Rado