Une enquête de surveillance biologique et comportementale a été menée par le secrétariat exécutif du Comité national de lutte contre le sida, auprès de quelques populations cibles : les militaires, les professionnels du sexe et les jeunes âgés de 15 à 24 ans. Les résultats renforcent le besoin de communication pour le changement de comportement notamment auprès de ces cibles.
Comment appliquer les connaissances en comportement ? Telle est la question que se posent tous ceux qui travaillent dans la lutte contre le VIH Sida. Car si le taux de connaissance du Sida est élevé, avec 94 % et 95 % chez les jeunes âgés entre 15 et 24 ans, seuls 36 % chez les garçons et 34 % chez les filles avouent en avoir utilisé au moins une fois préservatif dans leur vie. Le taux de prévalence de la syphilis est donc élevé, même si la prévalence du Sida est très faible. Une enquête de surveillance biologique et comportementale a été menée en 2012 sur quelques populations : les militaires, les professionnels du sexe et les jeunes. Ces études ont montré que des efforts en matière d’IEC/CCC restent à faire pour éviter de nouvelles infections.
Militaire. L’étude comportementale sur les militaires a été menée sur 9 sites dans tout Madagascar, à travers les principales grandes régions de Madagascar. 2 049 militaires (gendarmes et militaires) ont participé à cette étude. 73 % d’entre eux ont effectué un dépistage du Sida, et la prévalence reste faible, avec 0,1 %. La prévalence de la syphilis est tout de même plus élevée, avec 3,9 %. Avoir des relations sexuelles avec plusieurs partenaires constitue une porte ouverte vers les risques d’IST. Et pourtant, chez les militaires, 59 % des enquêtés avouent avoir eu plus d’un partenaire sexuel. Et 24 % d’entre eux l’ont fait avec une travailleuse de sexe. Une situation qui s’accroît lorsque les statistiques montrent que ces chiffres sont passés de 9 % en 2008 à 24 % en 2012. Et même si pratiquement tous les militaires ont une connaissance de l’utilisation du condom, et qu’ils savent où s’en procurer, le nombre de militaires à avoir utilisé un condom lors de relations sexuelles est passé de 80 % en 2008 à 62 % en 2012. Chez les militaires, 37 % ne portent aucun jugement sur les PV VIH et ne montrent aucun signe de discrimination.
Professionnels de sexe. L’étude sur les professionnels de sexe a été effectuée sur 10 sites dans plusieurs régions de l’île. 2 512 travailleuses de sexe ont répondu et participé à cette étude. Le taux de prévalence du Sida y est plus élevé, avec une moyenne de 1,3 % et le taux de prévalence de la syphilis y est également très élevé avec 29 %, les TDS les plus infectées étant celles travaillant à Tanà avec 33 %. 66 % d’entre elles avouent utiliser un condom lors de leurs rapports sexuels, mais elles n’étaient que 53 % à avoir effectué un dépistage pour connaître leur statut sérologique. Et la prostitution est de plus en plus tôt : 28 % des professionnelles du sexe ont eu leur premier rapport sexuel avant l’âge de 15 ans. La consommation d’alcool et la prise de drogue sont des comportements qui favorisent la sexualité non protégée. 58 % des professionnels de sexe ont bu de l’alcool et 10 % ont pris de la drogue. Dans ce rayon, les militaires sont plus nombreux avec 28 %.
Jeunes. Les Malgaches entrent de plus en plus tôt dans la sexualité active. Sur les 11 160 jeunes enquêtés à travers les 66 sites sentinelles, ils sont 36 % chez les garçons à avoir eu leur premier rapport sexuel avant 15 ans contre 41 % chez les filles. De plus, ils sont de plus en plus jeunes à avoir des pratiques plutôt douteuses, car 39 % des garçons ont des partenaires sexuels multiples, elles sont 23 % dans le même cas. Et si plus de 90 % ont déjà entendu parler de préservatif, ils ne sont qu’un tiers à en utiliser. 18 % des jeunes ont effectué un dépistage. Un quart des jeunes ne connaissent pas les symptômes de l’IST. Et pourtant, l’on estime que 44,8 % des garçons et 33,6 % des filles ont déjà eu une IST.
Anjara Rasoanaivo