On en est encore aux estimations sur le nombre des personnes atteintes par le Sida à Madagascar. Cependant, il y a à craindre quant au risque de propagation rapide du Sida dans le pays en l’absence des mesures adéquates. D’énormes défis attendent encore les acteurs de lutte contre le Sida dans la Grande Ile. Cela, bien que l’objectif au niveau mondial soit d’éradiquer la maladie 14 ans après, c’est-à-dire en 2030.
Dans le monde entier, 37 millions de personnes sont affectées par le VIH/Sida selon l’ONUSIDA. Et seulement 15 millions d’entre elles suivent des traitements. «Par ailleurs, 22 millions de gens sont en attente de traitements. Et depuis 2002, nous avons constaté que le nombre de personnes atteintes par le VIH Sida ne cesse d’augmenter depuis ces trente ans de lutte contre cette maladie», explique Salvator Niyonzima, directeur pays de l’ONUSIDA à Madagascar, aux Seychelles, à la Réunion, Maurice et aux Comores. Et la situation est également alarmante dans la Grande Ile. «A Madagascar, des milliers de personnes par an sont affectées par le VIH/Sida», dit-il. Cela, sans en préciser combien de Malgaches sont séropositifs exactement.
40 000 PVVIH en 2015. Mais selon le rapport du Secrétariat exécutif du Comité National de Lutte contre le Sida (SE/CNLS), il existe approximativement 40 000 personnes qui vivent avec le VIH/Sida (PVVIH) en 2015. Ainsi, le taux de prévalence du Sida dans la Grande Ile est évalué à 0,3%, selon le toujours ce comité de lutte contre le Sida. «Mais jusqu’ici, bon nombre de ces individus ne sont pas connus, puisque la plupart d’entre eux se cachent», confie pour sa part le Dr Harivelo Andrianiaina, secrétaire exécutif du CNLS. De ce fait, seulement 1828 d’entre eux sont suivis de près par les services de santé rattachés au ministère de la Santé publique. En d’autres termes, ce sont seulement ces individus qui bénéficient des traitements adéquats contre le VIH. Ainsi, la situation relative à la transmission du virus du Sida n’est pas seulement alarmante pour Madagascar, mais également compliquée en vue de l’existence de ces nombreuses PVVIH qui fuient les traitements. «Par conséquent, plus ou moins 38 000 sur les 22 millions de Malgaches vivent avec le virus du Sida, mais peuvent ne pas connaître leur statut sérologique», poursuit le SE/CNLS. Le risque de transmission de cette maladie est donc élevé dans notre pays.
Les jeunes de 15 à 24 ans aussi. Toutefois, il est non moins nécessaire de souligner que jusqu’ici, le Sida atteint généralement les populations les plus exposées au virus, à savoir: les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes, les consommateurs de drogues injectables et les travailleurs des sexes (les prostitués hommes ou femmes). Et depuis peu, les jeunes âgés entre 15 et 24 ans sont également de plus en plus exposés aux risques de contamination, à cause de leur manque de connaissances sur le mode de transmission de la maladie. Comme déjà expliqué de temps en temps, la transmission du Sida se fait lors des rapports sexuels non protégés et surtout à travers les transfusions sanguines. C’est pourquoi les rapports sexuels non protégés sont à éviter. Toutefois, il a été précisé que le Sida ne se transmet pas lors de la piqûre de moustique.
Dossier réalisé par Arnaud R.
Prédominance de la stigmatisation…

Si les PVVIH n’osent pas se montrer, c’est qu’elles ont peur de la stigmatisation et de la discrimination qui prédominent encore dans la société malgache. «Je ne veux pas que tout le monde sache que je suis une PVVIH à cause du phénomène de stigmatisation. Car si cela se sait, c’est que je risque de perdre mon travail et ma maison. Tout le monde va automatiquement me haïr et porter des préjugés contre ma personne. Donc, je préfère me cacher tant que je le peux», témoigne une PVVIH. En effet à Madagascar, outre la lutte contre la maladie elle-même, la lutte contre le phénomène de stigmatisation et de discrimination demeure également un combat de longue haleine. Pour les Malgaches, attraper le Sida est encore la pire chose qui pourrait arriver à une personne. Or, selon toujours les explications du Dr Harivelo Andrianiaina, «à l’heure actuelle, les PVVIH existent presque dans toutes les régions de Madagascar, en particulier dans les lieux à forte potentialité touristique». En effet, plusieurs ateliers et formations qui ont pour objectif d’éradiquer cette stigmatisation ont été déjà organisés par la plupart des acteurs majeurs de lutte contre le Sida, mais en vain. Le phénomène n’est toujours pas éradiqué. «C’est tout simplement une question de mentalité, puisque les PVVIH qui bénéficient déjà des traitements adéquats ne présentent aucun risque de transmission de la maladie pour leur entourage. D’ailleurs, ces PVVIH elles-mêmes peuvent mener une vie normale quand elles avalent les antirétroviraux», rajoute le Dr Harivelo Andrianiaina. Alors, le renforcement des sensibilisations relatives au changement de comportement vis-à-vis des PVVIH est indispensable dans le pays.
Eradiquer le VIH/Sida avant 2030

Comme c’était le cas en 2011, Madagascar prendra encore une fois part à l’Atelier de haut niveau sur le VIH et le Sida qui se tiendra du 8 au 10 juin prochain à New-York. (Etats-Unis d’Amérique). Cette réunion de cinq jours organisée par l’Assemblée Générale des Nations Unies se fixe comme objectif d’identifier les points de succès et d’échecs, ainsi que les leçons à tirer et les défis à relever pour chaque pays participant. Il sera également question de formuler les stratégies à mettre en œuvre qui rendra efficace les luttes à mener dans ces pays et finalement de mobiliser les dirigeants des pays du monde à participer davantage et d’une façon durable dans l’accélération des réponses contre la maladie. A l’heure actuelle, le SE/CNLS et l’ONUSIDA ont organisé depuis le 24 au 25 mai dernier, avec toutes les parties prenantes, un atelier de consultation nationale qui a pour but de bien préparer la participation de Madagascar à cette réunion de haut niveau. Il a été question de récolter les avis techniques sur le contenu de la Déclaration Politique qui sera votée lors de cette Réunion de haut niveau. A cet effet, cinq thématiques ont été échangées lors de cette consultation, entre autres, l’accélération de l’éradication du Sida, les filles et les jeunes femmes, le financement,… En effet, l’objectif ultime de cette Réunion de haut niveau est d’éradiquer le Sida dans le monde entier avant 2030. Mais jusque-là, il est difficile d’imaginer l’atteinte de cet objectif, surtout après que l’ONUSIDA a évoqué le risque de diminution des financements pour la réponse à la maladie d’ici à 15 ans, dans le monde entier.