- Publicité -
mercredi, mai 14, 2025
AccueilDossiersVindicte populaire : « La population ressent le sentiment d’être livrée à...

Vindicte populaire : « La population ressent le sentiment d’être livrée à elle-même » dixit Eliana Bezaza

La secrétaire nationale du parti PSD, Eliana BEZAZA, dans cette conversation à bâtons rompus revient sur les actualités brûlantes de l’heure : la vindicte populaire. Elle demande à tous les responsables qu’ils soient dans la structure étatique ou dans les simples organisations sociales à avoir un peu plus de vision et d’organisation car c’est le fond de notre problème a-t-elle souligné. Interview.

Midi Madagasikara (M.M) : Une des actualités brûlantes de l’heure, la vindicte populaire qui gagne de plus en plus de terrain et risque de se généraliser si des mesures concrètes ne sont pas prises dès maintenant .En tant que femme active au sein des organisations sociales, quelles explications apportez-vous à ces phénomènes inquiétants.

Eliana Bezaza (E.B) : Oui, nous sommes en train de vivre une des périodes les plus houleuses de notre histoire nationale. La vindicte populaire est un fait social qui n’est nullement isolé, mais s’explique par un enchaînement de causes à effets. La vindicte populaire est née à partir du moment où la population ressent un sentiment d’être livrée à elle-même. Je prends le cas de cette insécurité généralisée qui affecte toutes les régions de Madagascar et qui a des impacts incroyables sur la vie quotidienne de la population. Les paysans loin des brigades de la gendarmerie et des commissariats de police ne trouvent leur salut qu’en abandonnant leurs villages et leurs terres pour aller trouver la quiétude dans les chefs lieux des communes. Ils perdent leurs troupeaux et leurs biens. Ce sont eux-mêmes qui s’organisent pour se défendre. Les forces inégales se résultent par des morts d’homme. Ils ne croient plus à l’autorité de l’Etat pour rétablir l’ordre. Pour eux, la notion d’Etat qui défend leurs biens et leurs familles n’est que des verbes. Il est tout à fait normal que nos paysans soient en colère et pour les populations urbaines de même. Dès qu’il y a des gens susceptibles d’être des menaces pour eux, ils se révoltent et tuent. C’est très mauvais et c’est très grave, car d’un moment à l’autre le pays entier peut basculer dans les chaos. C’est donc une faillite de l’autorité de l’Etat et un manque flagrant de confiance envers le système étatique dans son ensemble et en particulier le système judiciaire, l’organe de maintien de sécurité, l’administration et l’Etat dans son ensemble.

M.M: Quelles solutions à mettre en œuvre dans ce cas ?

E.B : Il n’y a que le dialogue par une gestion de proximité des communautés de base. L’Etat doit oublier qu’il est le détenteur de la seule vérité. Je prends le cas de Befandriana Nord qui est très récent et très douloureux .Voyons les réactions des différents responsables des communautés dans cette région comme l’Eglise catholique, le « Sojabe » et les « raiamandreny ». Ils sont unanimes pour condamner les versions des faits de l’Etat qui cherchent à tout prix à donner tort seulement à la population alors que les membres de cette population dont on parle étaient victimes de racketage au début. C’est vrai que quoi qu’on dise on ne doit pas donner raison à une vindicte populaire et des actes pareils méritent des sanctions, mais on doit étudier sérieusement le cas avec un peu de recul et à tête reposée. Le dialogue aurait apporté plus de lucidité à chacune des parties en conflit au lieu de mettre en pratique la loi du talion. Il manque cruellement une éducation sociale, car cet anarchisme s’explique par une perte de valeurs et de repères.

M.M : On parle d’une anarchie généralisée aussi de par l’indiscipline qui gagne de plus en plus de terrain. Qu’est-ce que vous en pensez ?

E.B : L’indiscipline se traduit par ces faits sociaux dangereux pour la vie de la nation. En effet, tous ces délabrements qui encadrent notre vie quotidienne est l’expression de ce manque de l’observation des règles et des disciplines dans la société. Je reviens sur l’absence de l’éducation sociale, mais surtout l’absence des modèles. Nos jeunes actuels ne voient que de l’anarchie, des violences, des corruptions, des palabres et comment voulez-vous que nos jeunes quand ils seront adultes aient des comportements responsables pour être des citoyens modèles dont le pays a besoin. Regardez autour de nous, rien que dans la ville d’Antananarivo qui doit être une vitrine de Madagascar. Tout le monde traverse les rues là où il veut, les charrettes sont dans les rues de la capitale jusqu’au devant du palais d’Ambohitsorohitra et bloquent les circulations, les vendeurs envahissent non pas seulement les trottoirs, mais aussi les rues, les « taxis-be » imposent leurs lois, notre capitale est extrêmement sale. Bref, si nos réalités se décrivent ainsi par ce que nos dirigeants n’ont aucune vision et organisation. Les modèles viennent d’en haut. On voit tous les jours nos grands hommes dans les structures étatiques brûler le sens unique avec leurs prérogatives de sirènes assourdissantes et voilà les résultats.

M.M : N’êtes-vous pas très sévère envers les tenants du pouvoir, car tout le monde aussi doit s’organiser pour rendre no quotidien plus viable et plus agréable ?

E.B : C’est vrai mais tout doit commencer d’abord par le changement de comportement de tous ceux qui ont des responsabilités dans la structure étatique. Par contre, il faut chaque fois des vrais dialogues et des échanges. Il faut donner des responsabilités aux meneurs d’opinions et aux autorités traditionnelles. Il faut que ces sages de la société prennent de plus en plus de place dans l’éducation citoyenne, dans la recherche de nos valeurs et de repères. Il faut que nos jeunes reviennent vers leurs racines pour éviter dans l’avenir une population flottante.

M.M : Parlons d’un tout autre sujet, l’élection présidentielle de 2018. Qu’est-ce que vous en pensez ?

E.B : Pour ne plus rester dans ce long contexte de crise et de fragilité extrême, il faut qu’il y ait élection en 2018. Reculer cette élection c’est faire perdurer la crise et éveiller les suspicions néfastes. Par contre avancer vers cette élection c’est mettre en place un système électoral fiable dont le résultat sera accepté par tous.

Recueillis par D.R

- Publicité -
Suivez nous
409,418FansJ'aime
10,821SuiveursSuivre
1,620AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici