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lundi, mai 12, 2025
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Vintage,vintage

L’on dira ce que l’on voudra mais le fait de  réduire  à 0%  les droits et taxes d’importation  des  friperies  à Madagascar  n’est pas opportun. Les fripes ont  tué  une filière : celle du textile  du pays. Des emplois ont été détruits et des activités disparues. Que sont devenus les champs de coton où les paysans du Sud-ouest et de l’Ouest  pouvaient tirer des revenus complémentaires à côté  de ceux  de  leurs activités agricoles? Que sont devenues les unités textiles  et leurs milliers d’ouvriers ? Qui  approvisionnent les  zones franches d’usines de confection ? Où sont passées les couturières et leur savoir-faire  des marchés qui  cousaient une chemise, une robe  en quelques minutes ? Et même la culture passe à la trappe, par exemple,  dans le Sud-est, il est de coutume d’étrenner  obligatoirement lors des fêtes ou  des cérémonies traditionnelles  des habits neufs, surtout à la campagne. Des défilés de paysannes en Gucci, Celio etc. dansant le batrelaka deviennent  maintenant  le clou des fêtes.    Pourquoi ?  Parce que les  fripes sont bon marché,  plus solides et parce qu’elles sont plus chic et suivent donc  la mode, celle  de la mondialisation, celle du vintage

En 2016, l’Accord de Partenariat Economique intérimaire (APEi) avec l’Union Européenne  dont  Madagascar  est signataire marque un tournant. Désormais, la collecte et la gestion des vêtements de « deuxième main » sont devenues des activités pourvoyeuses d’emplois et  de ressources dans les pays développés. La nouvelle directive : «  Rien ne se jette, tout se conserve » est de rigueur. Et c’est payant, dans ces pays européens  où de plus en plus de personnes exclues du monde du travail sont  réinsérées  dans les centres de tri, de réparation, de recyclage  et enfin d’expédition des vêtements non récupérables et non recyclables.  Le chômage se trouve ainsi en partie résorbée. En plus, les associations caritatives récupèrent avec  les fruits de la revente  de quoi financer et les projets de développement dans les poches de pauvreté dans le Nord et  dans les océans  de misère du  Sud. Enfin, cette décision voulue par l’Europe  nous laisse des images  assez loquaces d’une part, cette image d’une classe moyenne devenue  décomplexée  de porter des fripes ou « freedom » pour dire autrement et d’autre part  l’aller et retour de ces biens primaires partant de nos zones « affranchies »  d’impôts et taxes pour nous revenir, après usage , « blanchies » d’obstacles  tarifaires et creusant encore le manque à gagner de l’Etat. Tout se conserve : pauvreté comme richesse.

M.R

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