
La période de confinement exacerbe les cas de taux de violences basées sur le genre dans toutes les régions du pays. Antananarivo enregistre une tendance à la hausse selon une étude menée par l’ONG CforC ou Capacity-building For Communities.
Qu’elle soit physique, sexuelle, économique ou encore psychologique, la violence fait partie du quotidien de la femme malagasy. Un fait qui n’est plus à démontrer et qui semble s’être aggravé depuis la période de crise liée au Covid-19, plus particulièrement, depuis la période du confinement. Un fait qui est également observé dans plusieurs pays du monde, y compris Madagascar. Antananarivo qui a enregistré les premiers cas de Covid-19 et qui a été la première ville du pays à être touchée par les mesures de confinement, n’échappe pas au phénomène. Une enquête menée par l’ONG CForC interpelle sur « la hausse du taux de violence conjugale durant la période de confinement». Menée dans cinquante fokontany (sur les 192) de la capitale où la majorité de la population vit au jour le jour, l’enquête démontre que « les cas de violence conjugale signalés auprès des Fokontany étaient surtout de type physique ». Sariaka Nantenaina, directrice exécutive de l’ONG CForC de noter toutefois que : « les autres types de violences telles que psychologiques et/ou sexuelles ne sont pas considérées par les populations ciblées par l’enquête comme étant des violences. La violence sexuelle est considérée par beaucoup de personnes comme étant normale dans un couple. De même que la violence psychologique », déplore notre interlocutrice.
Frustration. Les résultats de l’enquête sont préoccupants. Le taux est passé de 30% (taux en temps normal), à 54% pour le fokontany d’Andohatapenaka. Même constat observé à Manjakaray qui enregistre habituellement un taux de violence de 70% affiche un taux de 82%. Le cas d’Ankorondrano est également effarant parce que le taux est allé de 17% à 84% durant la même période. Ainsi, l’explosion des cas de violence conjugale serait causée par « la situation économique et financière des ménages ». Le stress causé par la situation de confinement, le fait de rester chez soi à longueur de journée ainsi que les problèmes économiques des ménages, auraient exposé beaucoup de femmes à des risques de violence de la part d’hommes violents. « La période de confinement a augmenté le temps passé par des hommes violents chez eux. Ce qui a automatiquement fait augmenter les agressions envers leurs femmes. Le stress de la situation économique était un prétexte pour des hommes violents de porter atteinte à l’intégrité physique, psychologique et économique des femmes », dénonce Sariaka Nantenaina de CForC. L’enquête a également révélé une certaine réticence à dénoncer les cas de violence. « Les cas sont signalés auprès des fokontany lorsque les violences atteignent leur paroxysme. Les victimes ne dénoncent les cas tant que c’est supportable », conclut Sariaka Nantenaina.
José Belalahy