
Peu de familles de victimes de violence sexuelle ou de violence physique de l’Androy osent dénoncer les faits auprès des autorités locales par peur de briser le fihavanana.
« Le fait pour une victime de violence sexuelle ou d’autres violences basées sur le genre de dénoncer un cas auprès de la gendarmerie est considéré par la communauté comme un acte de plainte tendant à se terminer par une poursuite judiciaire ». Ce sont là les propos du gendarme principal de classe exceptionnel Clovis Randrianiaina, commandant de brigade Tsihombe pour dénoncer le poids de la culture sur la situation des violences basées sur le genre dans l’Androy. Notre interlocuteur de noter que : « ce sont les familles des victimes qui n’acceptent pas de dénoncer des cas par peur de porter atteinte au Fihavanana et au Firaisan-kina qui prévalent dans leur village ou encore dans leur fokontany ». Une pratique qui ne considère pas les droits de la victime et qui limiterait les marges d’action des autorités locales si l’on s’en tient toujours aux explications de Clovis Randrianiaina. Le responsable de renchérir « si personne ne dénonce les cas, la gendarmerie ne peut rien faire pour aider les victimes. Une chose est toutefois à noter, dès que l’on est en mesure d’avoir des informations sur d’éventuel cas, on n’attend pas la famille pour faire état de la situation, on agit directement et on mène notre enquête ». Pour Tsihombe en particulier, « deux cas de viol sur mineurs ont fini par des règlements à l’amiable entre la famille de la victime et celle de l’agresseur lors de l’année 2019 » d’après les chiffres avancés par la gendarmerie nationale. Le centre d’écoute et de conseil juridique de Tsihombe quant à lui avance « qu’il y a de nombreux cas signalés » et que « deux agresseurs de viol sur mineur sont actuellement en prison suite à des actions de poursuite judiciaire menée cette année ». Il conviendrait de noter que ledit centre vient d’être doté de matériel de bureau par l’UNFPA ou Fond des Nations Unies pour la Population.
Décente. La gendarmerie de Tsihombe avance une certaine propension de viol sur mineur depuis 2018. Une tendance que le commandant de brigade de Tsihombe qualifie de « nouveauté » ces dernières années. « Peut-être que des cas existent dans des communes ou villages aux alentours de Tsihombe mais nous n’en avions pas entendu parler. Depuis deux ans, nous avons pourtant recensé deux chaque année », explique-t-il. Avant de soulever la nécessité pour « tous les acteurs œuvrant dans le domaine de la protection des mineurs et de la femme à adopter une approche préventive partant de la base ». « Il est temps pour les acteurs de la lutte contre les violences basées sur le genre de quitter leur bureau, de faire des descentes sur terrain et de sensibiliser autant que possible les communautés de base sur ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire, sur les droits de la femme et du mineur, sur les méfaits du viol et les sanctions prévues par la loi », avance Clovis Randrianiaina. Ce dernier d’insister sur l’importance des actions de préventions en faisant savoir que « des actions de sensibilisation au niveau communautaire limiteraient les entorses à la loi ». Ainsi pour le commandant de brigade de la gendarmerie de Tsihombe « une population suffisamment sensibilisée connaît ce qui lui est permis de faire. Une fois cette situation acquise, le nombre de cas de violences basées sur le genre va automatiquement diminuer ». Reste à savoir si la population en question va accepter d’abandonner certaines pratiques qu’elle a prises pour des normes sociales, voire naturelles.
José Belalahy