L’existence de la Brigade Féminine de Proximité (BFP) contribue de façon considérable à la lutte contre les violences basées sur le genre à Toliara. Deux ans après sa mise en place, la population commence à s’adhérer à l’esprit de la brigade et à coopérer de façon active en signalant les faits.
«On a constaté une hausse des plaintes, surtout durant les périodes d’urgence sanitaire. Je ne sais pas si c’est parce que les gens sont de plus en plus pauvres ou que les périodes en question ont causé divers problèmes auprès des ménages mais dans la majeure partie des cas, les violences signalées auprès de la Brigade Féminine de Proximité (BFP) de Toliara sont de nature économique ». Propos de l’officier principal de police de classe exceptionnelle Asthine Sosohany, Commandant de la BFP de Toliara pour faire état de la situation qui prévaut dans le district. Propos confirmés par les statistiques enregistrées depuis l’année 2019. En effet, en 2019, la BFP de Toliara a enregistré 39 plaintes si l’on tient aux explications de Asthine Sosohany. Chiffre qui est monté à une centaine de plaintes dont « 47 pour violences physiques, 37 pour violences psychologiques, 38 pour violences économiques et 11 pour violences sexuelles ». Le commandant de brigade féminine de proximité de Toliara de noter que les actions de sensibilisation et d’information n’ont pas pu se faire en 2020 à cause de la situation sanitaire. L’année 2021 quant à elle a enregistré 92 plaintes dont 38 pour violences physiques, 33 pour violences psychologiques, 38 pour violences économiques et 2 pour violences sexuelles.
Rompue. Outre la situation d’État d’urgence sanitaire, la connaissance de la population de l’existence de la BFP combinée à ses actions de patrouille et de sensibilisation auprès des hôtels, des débits de boissons, des boîtes de nuit, des écoles, des rues et ruelles de Toliara auraient également contribué à la hausse des cas de signalement. « La BFP de Toliara effectue des patrouilles un peu partout dans la ville. C’est durant ces descentes sur terrain qu’on nous signale les faits. La population commence à s’habituer à la présence des 12 éléments de la brigade et c’est une bonne chose pour nous», explique Asthine Sosohany. Si les descentes cassent la culture du silence, elles permettent également d’éduquer la population. « Nous avons également remarqué que beaucoup de personnes ignorent les lois et les règles qui régissent la société. Les patrouilles sont donc des opportunités permettant de les éduquer, les informer et les sensibiliser sur ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire », renchérit le commandant de la BFP de Toliara.
Craint. Interrogée sur d’éventuelles difficultés pour les membres de la brigade à mener à bien leur travail étant donné qu’elles sont des femmes dans une région du pays où l’homme est très « dominant », Asthine Sosohany de répondre « nous sommes dans le métier depuis pas mal de temps et nous savons comment faire. En cas de danger durant les interventions, et c’est assez rare, nous travaillons en collaboration avec l’UIR ou Unité d’Intervention Rapide de la police». Avant de noter « le fait que notre brigade est composée uniquement de femmes pousse les gens à s’ouvrir et à collaborer. Et cela se manifeste dans notre approche qui met en avant l’accueil et l’écoute des gens ». Si à l’accueil la brigade est soft, elle impose le respect lors des patrouilles et des fouilles. « La peur des autorités se voit dans les yeux des personnes lorsque nous effectuons les descentes dans les hôtels. On a peur de nous ici », conclut le commandant de la BFP de Toliara.
José Belalahy