
« Le rapatriement du kabeso de Toera constitue un enjeu social, politique et symbolique important. Il interroge sur l’évolution de la dynastie des Maroseranana face aux violences coloniales, mais également sur la question d’identité malgache en cette période postcoloniale », a fait savoir l’historien Dr Alexandre Lahiniriko.
Alors, en guise d’hommage à ce grand personnage et pour évoquer les épisodes de l’histoire contemporaine de la Grande-Ile, la journée pour l’« Ordre colonial et remise en ordre : la politique et le sacré dans le Menabe (de la fin du XIXème siècle à nos jours) » se tiendra le mardi 22 avril à 9 heures à l’Amphi 24 de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’Université d’Ambohitsaina.
Au programme
La projection du film « Fitampoha » (1978) réalisé par Jacques Lombard, une visioconférence avec le réalisateur et le cinéaste Claude Alain Randriamihaingo, sera suivie à 11 h, d’une conférence livrée par quatre intervenants. Le Dr Helihanta Rajaonarison (commission et restitution), le Pr Jeannot Rasoloarison qui développera son thème « la bureaucratie tribale : les enjeux de la nomination des fonctionnaires à titre politique pendant la colonisation », le Dr Alexandre Lahiniriko interviendra au sujet du Néonationalisme à travers le rapatriement des restes humains et le Dr Lolona Razafindralambo, quant à elle, va évoquer le thème « rituel, reliques et légitimités ».
Un événement qui s’avère importan
D’une part, les initiateurs déterrent le passé car bien que la colonisation soit une histoire récente, bon nombre des compatriotes ne retiennent pas les péripéties qu’ont traversées leurs aïeux. «...le massacre d’Ambiky a été longtemps oublié et il a fallu la requête des Kamamy auprès des autorités françaises pour le retour du kabeso de Toera pour que la mémoire de ces résistants à la conquête coloniale soit connue des Malgaches», a ajouté Dr Lahiniriko. Sous un autre angle, ces érudits, à travers les récits historiques, décodent le présent. En effet, l’époque dans laquelle nous vivons n’est qu’une continuité de ce que les ancêtres ont vécu il y a 129 ans. Outre part, cette journée d’étude vise également à ériger la culture malgache, celle de la région de Menabe en particulier étant donné que la tradition prend une place particulière. Le Fitampoha, cette cérémonie cultuelle institutionnalisée bien avant la colonisation, demeure le socle sur lequel repose l’identité sakalava quoiqu’il ait eu une mutation au fil des années. Ainsi, la persistance des mœurs démontre l’attachement qu’un peuple porte à sa terre. Ô combien de populations ont laissé derrière eux leurs valeurs ancestrales au profit de la soi-disant « modernité » ? Le Menabe, face aux aléas de la planétisation, a pu se tenir droit avec une colonne vertébrale en acier.
Ces historiens de qualité ne sont guère des prisonniers du passé, et ont nullement l’intention d’alimenter un sentiment d’hostilité envers les Français, loin de là ! Aiguillonner l’esprit de leurs concitoyens fait partie de leur mission. Par ailleurs, le choix de la date n’est tout de même pas le fruit du hasard. L’événement aura lieu la veille de l’arrivée du président de la République française, Emmanuel Macron. C’est très significatif !
Iss Heridiny
bravo et merci. Les problèmes soulevés sont cruciaux. Michèle Rakotoson