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dimanche, juillet 13, 2025
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« Volobe 2019 » : Les travaux livrés d’ici à 3 ans, un pas important vers la transition énergétique

Remy Huber, Directeur Général de CGHV.

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Hydraulique et de Mécanique de Grenoble, Rémy Huber, l’actuel Directeur Général de la Compagnie Générale d’Hydroélectricité de Volobe (CGHV) consacre, depuis 1991, l’essentiel de sa carrière et de ses forces dans le secteur de l’hydroélectricité. Ses compétences en la matière lui ont notamment permis de travailler dans des géants mondiaux de l’électricité comme EDF pour la conception d’ouvrages de barrages. Il a par ailleurs été sollicité durant trois ans pour des travaux consistant à allonger une écluse du Bas-Rhin, sans interrompre la navigation. Ses expertises l’ ont mené, toujours pour le compte d’EDF, dans différents pays asiatique notamment. Il a été par exemple au Laos pendant trois ans pour la construction du barrage de Nam Theun 2, un projet transfrontalier de 1100 Mw. Et puis c’était de nouveau le retour à Paris pour être responsable des travaux de surveillance de pas moins de 500 aménagements hydrauliques pour un montant d’environ 1 milliard d’euros. Et ce, avant le retour sur le terrain où il a été consulté par le Consortium Jovena-Colas pour le projet hydroélectrique de Volobe. Depuis un an et demi, il s’occupe pleinement du projet désormais appelé « Volobe 2019 » dont les travaux seront livrés d’ici à trois ans. Un projet qui renforce la marche de Madagascar vers la transition énergétique. Interview.

Midi Madagasikara : Pourquoi l’appellation « Volobe 2019 » ?

Rémy Huber : « On a souhaité identifié, cette année le projet « Volobe 2019 » car 2019 est une année cruciale pour le projet qui va démarrer activement avec les différentes étapes à franchir. Le projet de Volobe est idéalement placé, car il est situé à 30 km de Tamatave. Son intérêt géographique et économique, c’est qu’il est situé entre Antananarivo et Tamatave, les deux pôles économiques de l’île. Non seulement ce sont deux importants centres de consommation d’électricité, mais également et surtout, pour que le pays puisse se développer, l’énergie électrique est indispensable. Le projet est aussi idéalement placé car c’est la seule grosse installation hydroélectrique qui va être directement sous un régime océanique, alors que les autres installations sont sur les Hautes Terres. Alors que dans une zone assez humide comme Tamatave, le régime hydrique est beaucoup plus stable et plus intéressant. C’est aussi un projet idéalement dimensionné, par rapport aux besoins actuels et futurs. C’est une installation de 120 Mw de puissance installée, c’est donc plus puissante qu’Andekaleka qui est aujourd’hui à 90 Mw. Du coup, il s’agira d’un réseau qui va répondre à la croissance de la demande et va ainsi permettre d’effacer les productions thermiques actuelles. Cet effacement des productions thermiques est avantageux, à la fois du point de vue environnementale que celui du coût de la production qui est pour le moment très défavorable ».

Midi : Comment se fera le transport de l’électricité vers les utilisateurs ?

Rémy Huber : « Effectivement, le réseau aura besoin d’un système de connexion du réseau Antananarivo et Tamatave. La construction de cette ligne d’interconnexion, qui est un autre projet que le nôtre, est actuellement en cours d’études et elle sera réalisée en même temps que la centrale et sera financée par la Banque Africaine de Développement, l’Union  européenne et d’autres partenaires. Ce sera une ligne haute tension,  indispensable pour le pays, qui reliera Antananarivo et Tamatave, deux grands centres de consommation ».

Midi : Vous avez parlé tout à l’heure de développement de l’industrie à travers ce projet

Rémy Huber : « En effet, le projet est aussi idéalement dimensionné au court et au moyen terme, c’est-à-dire par rapport aux besoins de l’horizon 2030 car le projet va permettre, au-delà d’augmenter la production pour la Jirama, de développer les industries qui n’attendent que ça. Enormément de projets industriels sont là, mais les investisseurs hésitent à se lancer en raison de l’insuffisance de l’offre énergétique. Avec Volobe, on sait que la demande va être satisfaite aussi bien pour les besoins résidentiels et domestiques mais également pour les demandes émanant des industriels. Quant à la Jirama, grâce à Volobe, elle va pouvoir arriver à assainir ses résultats grâce à cette inversion du thermique dont le coût est énorme, vers l’hydroélectrique.

Midi : Quelles sont les autres étapes du projet. ?

Le projet est ni trop gros, ni trop petit. Avec 120 Mw et 750 Gwh par an qui est à peu près  la production thermique actuelle entre Tamatave et Antananarivo. Donc grâce à Volobe on va pouvoir effacer progressivement cette production thermique. Idéalement placé en termes de timing. En effet, dans ce schéma de partenariat public- privé, le temps de développement est assez long et il est difficile d’aller plus vite. Car d’abord, il faut réaliser des études qui, dans l’hydroélectrique ne sont pas faciles avec des sondages géologiques et hydrauliques à faire. Il y a aussi les études socio-environnementales car dans un projet hydroélectrique l’interface avec la nature est un volet à ne pas négliger. On a besoin de plus d’un an pour réaliser  ces études. On a également besoin de mener des discussions avec l’ensemble de la population et les administrations impactées par le projet. Compte tenu de ces liens avec la nature et la population, on a besoin de faire ces études pour lever les risques que le projet ne puisse pas aboutir. Ces études s’avèrent également indispensables car elles sont destinées à rassurer les contributeurs. En effet, ce projet sera financé par la sphère privée. Une partie va être apportée par les actionnaires, une partie, par les banques et institutions multilatérales comme la Banque  mondiale, la Banque Africaine de Développement, Proparco… Cette communauté de prêteurs a besoin d’un dossier très bien construit sur tous les plans : technique, social, environnemental…C’est pour cela que c’est long.

Midi : C’est-à-dire ?

Rémy Huber : Le projet a été lancé, depuis l’attribution au mois d’août 2016. On est encore dans la phase de développement. Et « Volobe 2019 » ce sera au mois de juin, la signature du contrat d’achat d’électricité avec la Jirama, et la signature du contrat de concession avec le ministère de l’Energie. Nous nous sommes mis d’accord avec ces entités pour dire que si l’on veut que le projet puisse basculer opérationnellement dans la mise en œuvre des travaux, il nous faut absolument que l’on signe ces documents. Et pour pouvoir les signer, la CGHV est en train de finaliser les détails des études afin de présenter les documents avec les acteurs publics majeurs dont le ministère des Finances et de l’Economie, le ministère de l’Environnement et le ministère de l’Energie qui en sera le pilote. Une fois ces étapes franchies nous allons nous mettre en discussion avec les « financeurs », de rentrer en discussion active avec le monde financier.

Midi : Quel est le montant du projet ?

Rémy Huber : C’est un projet qui va poser 400 millions d’euros incluant les frais de développement, les coûts de construction et les coûts du financement. Et ici, comme on traite sur une vingtaine d’années, le coût du crédit est assez important car les projets hydroélectriques sont assez risqués. 70% des financements sont apportés par les institutions financières dont je vous ai parlé, 30% par les actionnaires. Les travaux, c’est-à-dire, le barrage, les tunnels, les conduites forcées, les usines seront bouclés en trois ans, voire moins. C’est à la fois long et court car malgré l’importance des travaux ils sont quand même facilités car les accès sont relativement faciles, et les pistes sont déjà en partie construites . Dès  qu’on aura les financements, on va pouvoir lancer la fabrication des différents éléments. Les études et la fabrication prendront à peu près deux ans, ensuite la mise en place de tous les éléments. En gros, on aura environ donc trois ans pour toutes les phases. Fin 2022, début 2023 on aura la possibilité de livrer les installations.

Propos recueillis par R.Edmond.

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