
Antoetra, une localité baignée dans l’histoire d’Analamanga entourée de ces montagnes sacrées et abritant un refuge sacré de Vazimba. Rajery, le valihiste, est en train de faire de ce lieu une destination du tourisme culturel.
Pour Rajery le valihiste, malgré ses multiples voyages à l’étranger, le monde s’arrêtera toujours à Antoetra. Un hameau cramponné entre la colline d’Ambatondradama et celui du Rova d’Ambohimanga. Un coin paisible où la Covid–19 est prise au sérieux, tant par des villageois assez soucieux que par des autorités en brin avenant. « C’est que nous ne voulons pas que des gens venus de loin amènent ici cette maladie. Jusqu’à maintenant nous sommes épargnés, tout le monde fait des efforts. Et moi, je suis très engagé dans cette lutte contre le virus », annonce–t–il d’un ton plein de conviction.
Il a bien raison de protéger ce petit hameau, maintenant que ces tournées mondiales de cette année 2020 sont compromises, et personne n’est presque pas sûre pour 2021. « Je me tourne vers ce qui m’a toujours fasciné : le travail de la terre », fait–il savoir. Rajery donc, c’est l’exemple type actuel et le plus abouti de la reconversion des artistes pour faire face à la crise. « Il y a ceux qui en arrivent maintenant à vendre leurs matériels de musique, il ne faut pas s’en cacher », s’attriste–t–il. Ses prévisions sont assez sombres, il faudrait au moins trois ans pour que le secteur de la musique puisse vraiment relever la tête.

Faire face. « C’est ma femme qui m’a convaincu d’assumer la situation. Il y a quelques mois, j’étais vraiment au fond du trou. Alors, nous nous sommes dits : pourquoi ne pas valoriser ce que nous avons en main ? », rappelle Rajery. Des terres à Antoetra, il en a déjà acquises vers les années 2000, son village natal se trouve à quelques encablures. Ensuite, fruit de ses périples de musicien international, il a pu en acquérir d’autres. Où depuis, il a pu y ériger des infrastructures sociales et touristiques. En tout et pour tout, son lopin de terre fait travailler plus d’une trentaine de personnes : travailleurs de la terre, personnel médical, etc… Le tout sur fond d’insécurité, souvent des vols de zébus, parfois désolant.
Voilà donc le Rajery, qui de musicien émérite se convertit en paysan aguerri, il introduit lui–même ses poissons dans le bassin de pisciculture, les pieds dans l’eau et en « malabary », en futur opérateur touristique. Le site d’Antoetra pourra accueillir randonneurs et visiteurs en quête de sensation des grands espaces. Tout y est fourni, le riz, les légumes, le bivouac… « Les gens peuvent emmener des tentes, mais nous sommes en train de construire des habitations vitrines de styles traditionnels également », se réjouit–il. Quand les gens vont venir, visiteurs locaux ou internationaux, ils goûteront à un vrai séjour dans la nature et aux rythmes du « lifestyle » rural.
Il est fort à parier qu’ils auront aussi le privilège d’assister à des concerts gratuits de Rajery, le maître des lieux. Antoetra, là où les étoiles valsent avec sa valiha au son de la quiétude des étendues.
Maminirina Rado