Le président national du « Malagasy Miara-Miainga », Hajo Andrianainarivelo a laissé entendre hier que des sanctions pourraient être prises à l’encontre des députés qui ont ignoré les consignes données par le bureau politique du parti lors du vote de la Loi de Finances à l’Assemblée nationale. Interview exclusive.
Midi Madagasikara : Est-il vrai que les députés VPM-MMM n’ont pas été consultés lors de la création de la coalition avec le MAPAR, l’ARD et le Hiaraka Isika ?
Hajo Andrianainarivelo : « Le bureau politique constitue l’instance suprême au niveau de tout parti politique. Les députés y sont représentés. Tous les parlementaires issus du VPM-MMM étaient tenus au courant de cette décision bien avant le vote à Tsimbazaza. D’autant plus que cette coalition constitue la suite logique de la loi sur la décentralisation que nous ayons présentée il y a plusieurs mois. Le plus important c’est que d’autres entités politiques, convaincues de l’importance de l’instauration d’une décentralisation effective, aient décidé de se rallier au VPM-MMM. Et ce, bien malgré les divergences de points de vue. A mon avis, ce n’est pas le parti qui a besoin de se justifier. C’est plutôt les députés qui devraient se justifier auprès de leurs électeurs pour expliquer pourquoi le budget des Collectivités Territoriales Décentralisées a connu une baisse alors que c’est là un signal fort dans la mise en place d’une décentralisation effective. La question est donc de savoir, si cette Loi de Finances répond réellement aux intérêts des Malgaches ou bien d’une minorité ».
M.M : Est-ce que le VPM-MMM envisage de sanctionner les députés qui n’ont pas respecté les disciplines du parti ?
H.A : « Tout d’abord, je tiens à préciser qu’il n’y a pas de scission au sein du VPM-MMM. Cependant, il y a toujours quelques-uns qui ne se conforment pas aux disciplines internes du parti. Les membres du Bureau politique vont se réunir pour prendre une décision. Je tiens toutefois à préciser que le VPM-MMM n’est pas du tout un refuge pour les mercenaires politiques. Il n’y a pas de place pour eux ici. Personnellement, je suis contre cette pratique. Si nous arrivons à confirmer que certains députés MMM se sont appliqués au mercenariat politique, des mesures seront certainement prises ».
M.M : Jusqu’où cette nouvelle coalition avec le MAPAR, le Hiaraka Isika et l’ARD sera-t-elle utilisée ?
H.A : « L’avenir nous le dira. L’essentiel pour le moment c’est le fait que plusieurs politiciens et chefs de partis sont parvenus à se réconcilier sans aucune intervention extérieure. En tant que responsable politique, il est de mon devoir de réconcilier avec les autres acteurs. Je remercie les autres entités politiques qui ont fait preuve de bonne volonté puisque, malgré les divergences de points de vue, nous avons décidé de primer les intérêts de la population et de la Nation. D’ailleurs, cette coalition est ouverte aux autres formations politiques. Pourquoi ne pas saisir cette occasion pour mettre en œuvre une décentralisation véritablement effective au service de la réconciliation nationale ? En tout cas, à travers cette coalition, on peut estimer que nous avions initié la réconciliation nationale. Ce processus ne devrait pas constituer une occasion pour les acteurs politiques de se partager des seza. A mon avis, la réconciliation est nécessaire, mais elle ne devrait pas uniquement rester autour d’une table ronde. Elle nécessite une action sincère. Je tiens également à préciser que cette coalition ne se fixera pas uniquement à la lutte pour la décentralisation effective, nous réclamons également l’instauration d’une nouvelle commission électorale nationale indépendante pour organiser les élections futures. Ceci représente la fin de l’ère de la Transition. Je lance ainsi un appel à l’endroit des dirigeants actuels, afin d’élaborer une loi relative à la mise en place d’une commission électorale, sinon, nous allons proposer une loi y afférente à l’Assemblée nationale ».
M.M : Quelle est la position actuelle du VPM-MMM par rapport au régime Rajaonarimampianina ?
H.A : « C’est le bureau politique qui doit en décider. Pour l’instant, aucune décision s’y rapportant n’a encore été prise. Toutefois, si le régime continue d’ignorer nos propositions, nous allons prendre position. Quoi qu’il en soit, nous prendrons notre décision en tenant compte des intérêts de la population, car il ne faut pas oublier que la position du VPM-MMM aura forcément des conséquences sur la vie de la Nation. C’est pourquoi il est important de faire preuve de maturité politique ».
M.M : Pourriez-vous dresser un petit bilan des travaux réalisés par le gouvernement Kolo Roger ?
H.A : « Le bilan est insatisfaisant, voire négatif. Le Premier ministre devrait faire preuve d’honnêteté et d’expliquer au peuple si le gouvernement a atteint sont objectif ou non. A mon avis, c‘est un échec pour le gouvernement de n’avoir pas pu concrétiser la gratuité de l’éducation dans les écoles primaires publiques. 7 milliards d’Ariary par année scolaire est la somme nécessaire pour le faire, pourtant, le gouvernement a préféré octroyer 22 milliards d’Ariary pour les « dahalo tonga saina ». Le régime n’a également pas pu tenir sa promesse d’offrir une augmentation de salaire pour les fonctionnaires. Autant de promesses non tenues auxquelles le Premier ministre devrait s’expliquer. Je me demande d’ailleurs si Kolo Roger osera présenter le bilan de son équipe à l’Assemblée nationale avant la fin d’année. Ne serait-ce que pour faire preuve de respect, la transparence et l’Etat de droit envers le peuple malgache ».
Propos recueillis par Davis R