
10 août 1991, le bain de sang d’Iavoloha, dans l’histoire du pays, il n’y a eu de massacre militaro–civil d’une telle ampleur que lors de la colonisation. Écart des forces en présence, d’un côté des dizaines de milliers de manifestants sans armes jouant sur le nombre et de l’autre des hommes en treillis formés à tuer avec des armes à feu. L’hécatombe était inévitable. Peu d’historiens ou de politiciens ont écrit sur cette période charnière de l’histoire de Madagascar, sauf peut-être Henri Rasamoelina, avec son livre « Tolom–bahoaka 1991 » aux éditions Ivonea en 2017. Voilà le phénomène qui frappe ce pays, le manque de rétrospective historique. Complots dynastiques royaux, colonisation, 29 mars 1947, « 13 mai 72 », 1991, 2002, 2009… Aucune littérature n’est sortie de ces périodes douloureuses. À croire que les Malgaches rechignent à faire face à leur passé, à se regarder dans le miroir. Durant la première République, plusieurs auteurs nationaux ont écrit des livres sur les exactions coloniales, les autorités malgaches d’un pays alors indépendant ont bannis ces écrits des librairies du pays. Dans les années 60/70, il fallait aller en France pour les trouver en vente libre. De quoi questionner sur le rapport du Malgache avec son histoire, sur la vision de l’État sur une politique culturelle contemporaine d’un pays à fort potentiel économique et sur l’entité ou la personne qui y trouve un intérêt à ce que plusieurs générations restent dans l’oubli permanent, voire le déni historique. À l’heure du numérique, sans vouloir extrapoler, 95% de l’histoire de Madagascar reste encore inconnue de ses 25 millions d’habitants. Le reste est parfois fait de flou, d’imprécision, de débat haineux… À se demander toujours à qui profite cet imbroglio culturel. La mémoire collective historique malgache refléterait sans doute l’état actuel de la Grande Île, pauvre et sans réel horizon. Pourtant d’une quasi civilisation (du riz et de la mer) remontant à au moins deux millénaires, bien capable d’assumer son passé.
Maminirina Rado
10 AOÛT 1991
« AUCUN MASSACRE MILITARO- CIVIL d’une telle ampleur, perpétré du haut du sommet de l’Etat – en l’occurrence Didier Ratsiraka étant Président de Madagascar – que lors de la colonisation ».
Et pourtant les soi disant historiens ne manquent pas, actuellement -gratuitement pour beaucoup- s’en affublent les titres.
Les « complices » de ce massacre et/ou leurs descendants (spirituels et affiliés) vivent encore.
Mais les victimes sont morts , et Vae victis ! se disent ceux-là ?
Pleure o mon pays …