Le régime veut que la célébration du 56e anniversaire de l’Indépendance soit une réussite. Il se donne les moyens pour que règne dans la capitale une ambiance de fête. Mais pour ressentir cette atmosphère de liesse, il faut vraiment le vouloir.
Une absence de liesse populaire
A voir la foule qui se presse devant les podiums installés un peu partout, on pourrait avoir l’impression que la population vit pleinement l’«Asaramanitra » accompagnant la fête nationale. Mais quand on constate que la majorité des foyers malgaches n’approuve aucune envie d’hisser le drapeau malgache au balcon de leur habitation, on commence à se poser des questions. En fait on se rend compte que ce n’est pas l’envie de boycotter la célébration du 56e anniversaire de l’Indépendance qui en est la raison, mais un sentiment de défiance envers le régime. Les messages qui passent à la télé et à la radio exhortent les Malgaches à mettre en exergue la fierté nationale. Ils sont entendus, à défaut d’être écoutés et les auditeurs paraissent même indifférents. Il est loin cet enthousiasme qui régnait antan avant le 26 juin. Aujourd’hui, les gens ne traînent certes pas les pieds pour participer à une fête qu’on leur offre, mais ils ne veulent pas y prendre part de mauvaise grâce. L’espoir de lendemain meilleur entretenu par le chef de l’Etat à chacune de ses interventions cause même une certaine gêne chez les citoyens qui l’écoutent. La dure réalité ramène régulièrement ces derniers au triste quotidien dans lequel ils vivent. A trois jours de la grande cérémonie de Mahamasina, la ville se pare de ses parures de fête, mais elle est aussi encombrée par ses interminables embouteillages. Et l’omniprésence des forces de sécurité, qui veulent prévenir tout risque de trouble, alourdit encore plus cette atmosphère très lourde. 56 ans après sa déclaration d’indépendance, Madagascar semble engoncée dans une véritable chape de plomb.
Patrice RABE