Il fait partie des 20 candidats définitivement admis au test de recrutement d’élèves-pilotes d’hélicoptère. Son nom figurait sur la liste publiée par le service de la formation et des stages de l’Académie Militaire (Acmil), datant du 14 juin dernier. En d’autres termes, Rakotoson Mamimaherimanana Andrianina (RMA) est officiellement apte à poursuivre ses études à l’Acmil. Jeudi dernier, il arrive à Antsirabe, tout comme les autres nouvelles recrues de sa promotion. Le lendemain, il a été évacué dans un établissement de santé local pour des circonstances qui restent à déterminer parce que les versions varient selon la famille et l’Acmil. Quatre jours après, soit lundi dernier, il a rendu son dernier souffle à l’hôpital militaire de Soavinandriana après des tentatives de réanimation. Sa famille porte plainte pour homicide volontaire. « Oui, nous sommes déterminés à poursuivre en justice cette affaire qui a coûté la vie à notre enfant. C’était un jeune homme en très bonne santé et nous n’accepterons pas toutes velléités de lier sa mort à une maladie » nous a expliqué Randrianarivelo Fidèle, porte-parole de la famille durant l’attente du résultat de l’autopsie, hier, à l’hôpital militaire. Il ajoute : « Photo à l’appui, nous avons constaté des traces (au moins quatre) de bottes militaires sur son corps plein de bleus et de blessures à hauteur de ses reins. » Pour la famille du défunt, il est clair que RMA a subi des violences entraînant la mort. Agé de 33 ans, RMA a été un pilote qui travaillait auprès d’organismes internationaux. « Un métier qui lui tenait à cœur et il avait l’avenir devant lui. Mais il a quitté son ancien travail pour répondre à l’appel à candidature lancé par l’État. Cela après l’acquisition par l’Etat d’hélicoptère destinés à transporter des troupes » selon toujours Randrianarivelo Fidèle.
Bahutage-bavure. De son côté, le ministère de la Défense nationale n’a pas pris du temps pour apporter sa version, tellement la triste nouvelle s’est vite propagée sur facebook. Lu dans l’extrait du communiqué d’hier : « (…) à son arrivée à l’Acmil et durant la visite médicale, il a été constaté que RMA souffrait de problème rénal. Il a été soigné à l’infirmerie de la garnison avant son évacuation dans un centre de santé privé à Antsirabe puis à l’hôpital militaire dans la capitale (…) il a été justifié durant ces recours qu’il présentait une insuffisance rénale aiguë (…) ses soins ont été pris en charge par l’État. » Les réactions se sont enchaînées sur les réseaux sociaux. « Comment se fait-il que le concerné ait pu être recruté alors qu’il présentait une maladie grave de la sorte ? ». Ou encore : « A croire son problème rénal ‘sévère’, il est impossible que RMA ait pu réussir à l’épreuve physique obligatoire dans le processus de recrutement ». Autant de réflexions qui laissent les gens perplexes sur la nature du décès de l’élève-officier. De son côté, la famille très déterminée a engagé un autre médecin pour établir une contre-expertise mais l’accès au dossier lui a été refusé hier. RMA qui avait un avenir brillant devant lui allait fonder une famille et son mariage était prévu pour décembre prochain, a-t-on appris. Un triste sort surtout pour sa fiancée qui au vu de sa publication facebook est totalement effondrée. Les décès durant les bizutages militaires ne sont pas choses nouvelles. En 2014, ils étaient sept à être hospitalisés et l’un d’eux a péri après trois jours de bizutage. La formation suit-elle les normes requises ? Le ministère de la Défense nationale devrait revoir à la loupe ce problème répétitif sous peine que l’Acmil ne soit considérée par le public comme un camp miné…
D.R