Dans un communiqué publié hier, le Syndicat des Magistrats « condamne fermement les intimidations proférées à l’égard des magistrats exerçant leurs fonctions normales ».
La réponse du berger à la bergère. En effet, la réaction du Syndicat des Magistrats de Madagascar (SMM) ne s’est pas faite attendre suite au communiqué du gouvernement lançant une menace de poursuites judiciaires contre « certains magistrats ayant abusé de leurs prérogatives légales ». Une prise de position que le bureau du SMM considère comme « une ingérence et une obstruction à la bonne marche de la Justice ». Dans un communiqué publié hier, le SMM « condamne fermement l’ingérence, l’obstruction à la bonne marche de la Justice et les intimidations proférées à l’égard des magistrats exerçant leurs fonctions normales ». Le Syndicat, qui se dit « soucieux du respect des lois et de l’égalité de tous devant la loi, bases du principe de l’Etat de droit », réitère que ses actions sont toujours axées sur la défense des intérêts moraux, matériels et professionnels de chaque magistrat et de la justice dans son ensemble. « Faisant partie intégrante de la société civile, le Syndicat des Magistrats de Madagascar se doit de dénoncer toute violation de la loi ou de sa non-application surtout si ces actes concernent directement le bon déroulement des procédures judiciaires. Cette obligation tient sa source de la conviction des membres en ce qu’ils ne veulent pas laisser faire toutes les gabégies et les sournoiseries tendant à ne pas respecter la loi », soutient-on. Une allusion certainement à l’ingérence et aux interventions de certains membres du gouvernement depuis le début de l’affaire Claudine Razaimamonjy. Pour ne citer que la conférence de presse que le ministre de la Justice, Charles Andriamiseza a organisée le 5 avril à 23h pour réclamer la libération immédiate de la Conseillère spéciale du président de la République qui était alors auditionnée au Bureau Indépendant Anti-Corruption à Ambohibao.
Déstabilisation. Dans son communiqué, le SMM se dit « offusqué par la position et l’implication directe du Gouvernement dans l’affaire Claudine Razaimamonjy ». « Si cette affaire n’est pas une affaire d’Etat, l’attitude du Gouvernement en lançant dans un communiqué officiel des menaces de poursuites judiciaires contre des magistrats faisant leur travail est étonnante. Car d’aucun ne sait que c’est le SMM et en particulier sa présidente qui a été visée », martèle-t-on. En réponse à la déclaration du gouvernement qui considère les actions du Bureau du SMM comme « une opération de déstabilisation », les Fanirisoa Ernaivo, Clément Jaona, Tojo Razafindrakoto, Idealson, Rojovola Bora, Ramiaramanana Lova et consorts dénoncent « un acte de déstabilisation de l’institution judiciaire ». Le Premier ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana qui, selon le communiqué du Conseil du gouvernement, « a donné un ordre formel et catégorique aux membres du gouvernement concernés pour prendre des mesures fermes contre tout acteur de déstabilisation », et le ministre de la Justice, Charles Andriamiseza qui a toujours soutenu Claudine Razaimamonjy depuis son arrestation au Palais des Sports de Mahamasina, sont particulièrement pointés du doigt par le Syndicat des Magistrats. « Le Ministre de la Justice et le Gouvernement, conduit par le Premier Ministre ont intérêt à ce que les lois de la République soient respectées à la lettre. Ils n’ont également pas intérêt à s’interférer dans la bonne marche de la Justice en menaçant les magistrats de poursuites judiciaires dans l’exercice de leur fonction », averti le SMM.
Point de non-retour. En tout cas, suite à l’affaire Claudine Razaimamonjy, la guerre est désormais ouverte entre le Gouvernement et le Syndicat des Magistrats de Madagascar. D’ailleurs, le point de non-retour semble avoir été atteint. Les tenants du régime persistent et signent pour défendre cette femme milliardaire connue comme étant proche du président Hery Rajaonarimampianina. De leur côté, les membres du SMM insistent sur le respect de l’Etat de droit et l’indépendance de la Justice. Bon nombre d’observateurs estiment que lancer des poursuites judiciaires contre des magistrats risquerait de provoquer un « sakoroka ». Histoire à suivre.
Davis R