L’ancien Premier ministre de consensus exprime son soutien au Bianco et à la Chaîne pénale anti-corruption.
« Pas plus tard qu’au mois d’octobre dernier, le président Hery Rajaonarimampianina s’est engagé à faire de la lutte contre la corruption sa première priorité. C’est une décision présidentielle, donc il faut la respecter. Il faut que le président de la République ait le courage de procéder à l’assainissement de son entourage et de limoger tous les responsables impliqués de près ou de lion à cette affaire ». C’est ce qu’a déclaré l’ancien Premier ministre de consensus Jean Omer Beriziky, en réaction à l’affaire Claudine Razaimamonjy. Face à l’inertie des dirigeants actuels par rapport à cette affaire, l’ancien locataire de Mahazoarivo décide d’interpeller le Chef de l’Etat qui s’avère être son ancien ministre des Finances et du Budget du temps de la Transition. Il dénonce notamment le silence « complice » de Hery Rajaonarimampianina. « Le mutisme des hauts responsables du pouvoir est quelque chose de très étonnant, inquiétant même. Il faudrait éclairer l’opinion et donner des explications à la population pour que les rumeurs ne priment pas sur la vérité. Aujourd’hui, il est plus qu’impératif d’expliquer et de prendre une décision », estime-t-il. Il, c’est Jean Omer Beriziky qui a aussi annoncé qu’ « au vu de ce qui se passe actuellement, notamment avec le silence des autorités, l’on ne peut pas penser qu’il n’y ait pas de complicité d’en haut lieu dans l’affaire Claudine Razaimamonjy. Plusieurs ministres semblent être impliqués dans son évasion organisée. Toutes les institutions responsables de cette fuite devraient faire l’objet d’une enquête et s’expliquer devant l’opinion ».
Impunité. Selon ses dires, « la culture de l’impunité ne devrait pas être la règle principale dans la gestion du pays. Il faut punir les responsables des détournements de deniers publics. La punition doit être conforme à la faute commise ». Continuant sur sa lancée, l’ancien Ambassadeur de Madagascar auprès de l’Union Européenne de soutenir que « Hery Rajaonarimampianina doit laisser de côté les liens familiaux et le népotisme. Il doit nettoyer son entourage et limoger tous les responsables impliqués de près ou de loin dans cette affaire, ainsi que les complices de cette corruption à grande échelle ». Jean Omer Beriziky estime également qu’un remaniement gouvernemental est plus que nécessaire. Et ce, dans la mesure où plusieurs membres du gouvernement sont impliqués dans cette affaire Claudine Razaimamonjy. « En France, un ministre a été limogé 9 jours seulement après sa nomination pour n’avoir pas fait une déclaration de revenu. Comment peut-on tolérer ce genre de gabegie dans un pays où la majorité de la population vit sous le seuil de la pauvreté ? », se demande-t-il.
Intimidations. L’ancien Premier ministre de consensus estime également que cette affaire risque d’avoir un impact grave sur notre relation avec les bailleurs de fonds. « Les bailleurs ont leurs principes. Les aides sont octroyées avec des conditions dont il faut respecter. Accuser la Communauté internationale d’ingérence dans cette affaire c’est ignorer le mécanisme des relations internationales. Un partenariat international représente un contrat dont les clauses doivent être respectées ». Le Premier ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana est aussi pointé du doigt. « En tant que Chef de l’Administration et ministre de l’Intérieur, il devrait lui aussi s’expliquer », estime Jean Omer Beriziky qui n’a pas manqué de saluer les efforts entrepris par le Bianco et la Chaîne pénale anti-corruption la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics. « Je salue également la position courageuse, loyale et juste du Syndicat des Magistrats », a-t-il déclaré tout en encourageant ces entités à ne pas céder aux intimidations et à ne pas se sentir fragiliser face aux pressions.
Récupération politique. L’ancien locataire de Mahazoarivo se dit toutefois contre la récupération politique qu’engendre cette affaire. En effet, il est contre toute manœuvre visant à renverser le régime par la force. « Madagascar a souffert des crises politiques successives, la dernière a duré 5 ans, le temps d’un mandat électif. La destitution n’est donc pas une solution », soutient-il. Et de lancer un appel à l’endroit des dirigeants actuels à communiquer à la population pour éviter une éventuelle descente dans la rue. « Cette option n’est pas à exclure tant que les tenants du pouvoir s’enferment dans le mutisme total et le Chef de l’Etat se mure dans le silence ». Comme solution, Jean Omer Beriziky incite Hery Rajaonarimampianina à solliciter une coopération avec le gouvernement mauricien pour que Claudine Razaimamonjy puisse revenir au pays afin de répondre de ses actes devant la Justice. Reste à savoir si Iavoloha acceptera de prendre en considération cette proposition de l’ex-Premier ministre.
Davis R