Disponibles depuis peu, les alertes GLAD (Global Land Analysis & Discovery), dispositif d’alerte mis en place par Global Forest Watch, renseignent sur le défrichement en estimant un changement dans la densité de la canopée forestière.
Pour évaluer la superficie des forêts du monde, le projet Global Forest Watch, projet phare de World Ressources Institute (WRI), estime la densité de la canopée (la partie supérieure ou le « toit » de la forêt). Cette plateforme indépendante, destinée à suivre et évaluer la déforestation en temps quasi réel sur l’ensemble de la planète en utilisant les dernières données satellitaires, s’est aussi penchée sur Madagascar. En collaboration avec l’Université de Maryland, plus d’un demi-milliard de pixels (le pixel renvoie à un carré de 30m sur 30m) sont étudiés à Madagascar pour estimer la densité de la canopée. Pour une densité de canopée d’au moins 30%, c’est-à-dire, la couronne des arbres couvre au moins 30% de chaque pixel, Madagascar avait une couverture de plus de 17 millions d’hectares en 2000. En 2017, un peu moins de 13 millions d’hectares, soit une perte de plus de trois millions d’hectares de couverture arborée : 19% de sa superficie. La perte de la couverture forestière s’est accélérée en 2013 et a connu un pic en 2017. En effet, plus de 510.000 d’hectares de couverture arborée ont disparu, rien que l’an dernier. Dans 7% des cas, il s’agissait d’une déforestation permanente.
Causes. Les principales causes de cette déforestation sont notamment le trafic des bois précieux, mais surtout la conversion des forêts afin d’avoir accès à davantage de terres agricoles, avec des rotations de plus en plus rapides et qui empêchent la forêt de reconquérir l’espace. « Lorsque la forêt brûle, il est souvent trop tard. Les forêts naturelles de Madagascar ne brûlent d’ailleurs pas facilement, comme celles du Menabe qui ont une défense naturelle contre les feux. Pour les brûler, les paysans procèdent au hatsake (tavy à l’Est), c’est-à-dire qu’ils doivent d’abord couper le bois avant de mettre le feu. Lorsqu’ils craquent une allumette, ce n’est plus qu’une question de quelques jours, parfois quelques heures pour que les forêts partent en fumée et se réduisent en cendres », se désolent les spécialistes de Global Forest Watch.
La situation n’est pas en faveur d’une protection durable des ressources naturelles. Pourtant, afin de protéger les ressources en eau et de lutter contre le changement climatique, l’érosion ou encore pour prévenir, la perte irrémédiable des sols, des espèces faunistiques et floristiques, et de l’ensemble du patrimoine naturel, Madagascar a considérablement étendu son réseau de parcs et réserves. Mais force est de constater que même dans ces espaces protégés des actes prohibés, car destructeurs pour la nature, sont perpétrés par les humains.
Hanitra R.