En dépit des nombreux bienfaits de l’allaitement maternel, un nourrisson sur cinq n’est pas allaité dans les pays riches contre seulement un sur 25 dans les pays à revenu faible et intermédiaire. A Madagascar où 99% des nourrissons ont été allaités au moins une fois, la semaine nationale de l’allaitement maternel, dont le lancement officiel se fera demain 17 août 2018, est une nouvelle occasion de sensibiliser non seulement les mères de famille mais également les jeunes papas, invités à s’impliquer dans le processus. Cette année, un accent particulier est mis sur la mise au sein précoce, dans l’heure qui suit la naissance pour que le nourrisson profite des nombreux avantages procurés par le colostrum.
Selon une récente analyse publiée par l’UNICEF (Agence des Nations Unies pour l’enfance) tout récemment, le nombre de nourrissons qui ne bénéficient pas de l’allaitement maternel reste élevé, notamment dans les pays les plus riches au monde. Environ 7,6 millions de nourrissons dans le monde, chaque année, ne sont pas allaités. Les estimations présentées dans cette analyse font état d’un pourcentage conséquent (21%) d’enfants jamais allaités dans les pays à revenu élevé, en comparaison avec les pays à revenu faible et intermédiaire où ce taux est de seulement 4%. Et ce, souligne l’analyse, malgré les nombreux avantages procurés par l’allaitement maternel, notamment l’amélioration de la défense immunitaire du nourrisson, la protection des tout-petits et des mères contre des maladies mortelles, l’amélioration du développement cérébral des enfants, amenant à une amélioration du QI (quotient intellectuel) et des résultats scolaires des enfants.
Disparités entre pays riches et pauvres : L’analyse souligne que le taux de nourrissons allaités au moins une fois est beaucoup plus élevé dans les pays à revenu faible et intermédiaire comme Madagascar où 99% des bébés sont allaités au moins une fois. Le Pérou et le Bhoutan affichent le même taux. A l’inverse, dans des pays comme l’Irlande, seulement 55 % des bébés ont été allaités au moins une fois. Ce taux est de 74% aux États-Unis et de 77% en Espagne. Plus d’un tiers des 2,6 millions de nourrissons n’ayant jamais été allaités dans les pays à revenu élevé se trouvent aux États-Unis.
Les résultats de cette analyse montrent, toutefois, que dans les pays à revenu faible et intermédiaire, les écarts de richesse ont des répercussions sur la durée d’allaitement maternel. Dans les familles les plus pauvres, le taux d’allaitement à deux ans est 1,5 fois supérieur à celui des familles les plus riches. Ces disparités sont les plus importantes en Afrique de l’Ouest et centrale, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Là où le taux d’allaitement à deux ans des nourrissons issus des familles les plus pauvres est deux fois supérieur à celui observé pour les enfants nés dans des familles aisées.
Pourcentage d’enfants de 2 ans allaités dans les pays à revenu faible et intermédiaire, par quintile de richesse et par région*
Plus c’est précoce, mieux c’est !
Dans le dernier rapport de l’UNICEF sur l’allaitement maternel, la mise au sein précoce, dans l’heure suivant la naissance, présente un avantage majeur dans la survie du bébé. Or, dans le monde, trois nouveau-nés sur cinq ne sont pas allaités dans l’heure qui suit leur naissance. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF recommandent le début de l’allaitement maternel dans l’heure qui suit la naissance et que le nourrisson soit nourri exclusivement au sein pendant les six premiers mois de vie. Ce qui signifie que le nourrisson n’absorbe aucun autre aliment ou liquide, pas même de l’eau, dans la mesure où le lait maternel est suffisamment riche et répond déjà à tous les besoins du bébé en termes de nutrition. A partir de l’âge de six mois, la diversification alimentaire doit débuter, tout en continuant l’allaitement au sein jusqu’à l’âge de deux ans. La mise au sein précoce (pendant la première heure de vie) est essentielle pour la survie du nouveau-né et pour l’établissement de l’allaitement à long terme, souligne le rapport. « Lorsque l’allaitement est retardé après la naissance, les conséquences peuvent mettre la vie du nourrisson en danger, et plus on le laisse attendre, plus le risque est grand ». Plus un nouveau-né doit attendre avant ce premier contact crucial avec sa mère, plus son risque de décès est grand. Selon une récente méta-analyse de cinq études menées dans quatre pays, portant sur plus de 130.000 nouveau-nés nourris au sein, ceux qui ont commencé à être allaités entre 2 et 23 heures après leur naissance présentaient un risque de décès de 33 % supérieur à celui des nourrissons mis au sein pendant l’heure ayant suivi leur naissance. L’effet protecteur de la mise au sein précoce se manifestait indépendamment du fait que les enfants aient été exclusivement nourris au sein ou non. Les enfants qui ne sont pas mis au sein dans l’heure qui suit la naissance sont également exposés a un risque plus élevé d’infections courantes. Le rapport fait mention d’une étude portant sur plus de 4000 enfants en Tanzanie dans laquelle il a été observé que le démarrage tardif de l’allaitement était associé à un risque accru de toux et à un risque de difficultés respiratoires au cours des six premiers mois de vie de près de 50 % supérieur, comparativement aux nouveau-nés dont l’allaitement était intervenu pendant la première heure suivant leur naissance.
Un mécanisme bien rôdé !: Dès leur arrivée au monde, les bébés sont prêts à être nourris au sein. Le reflexe inné de succion permet au nouveau-né de téter, d’avaler et de se nourrir immédiatement après la naissance. La mise au sein d’un nouveau-né nécessite un contact peau à peau et cette proximité entre la mère et le bébé dans les moments qui suivent l’accouchement procure des avantages à court terme aussi bien qu’à long terme. Le contact immédiat peau à peau contribue à régulariser la température corporelle du nouveau-né et permet à son organisme d’être peuplé de bactéries bénéfiques provenant de l’épiderme de la mère. Ces bonnes bactéries assurent une protection contre les infections et contribuent au renforcement du système immunitaire du bébé. La tétée déclenche chez la mère la libération de prolactine, une hormone qui stimule la production de lait et aide à assurer un approvisionnement alimentaire continu au nouveau-né. Le lait maternel ingéré par les nouveau-nés pendant les quelques premiers jours de vie (le colostrum) est extrêmement riche en éléments nutritifs et en anticorps et fait office de premier vaccin pour l’enfant, lui procurant un bouclier de protection vital contre les maladies. Il a été démontré que le contact peau à peau aussitôt après la naissance et jusqu’à la fin du premier allaitement prolonge la durée de l’allaitement, accroit la probabilité que le bébé soit allaité pendant ses premiers mois de vie, et pourrait également contribuer à une expansion de la pratique de l’allaitement exclusif.
Les soins appropriés au nouveau-né et à la mère dans les moments qui suivent la naissance jouent un rôle décisif non seulement pour que l’allaitement débute, mais aussi qu’il se poursuive avec succès. Bien qu’une faible proportion de femmes ne puisse pas allaiter pour des raisons médicales, la plupart des mères ont simplement besoin du bon soutien au bon moment pour faire en sorte que l’allaitement prenne rapidement un bon départ.
Lait maternel
Une composition variable en fonction de l’âge de bébé
La composition du lait maternel se modifie pendant l’allaitement pour s’adapter aux besoins du nourrisson et varie également selon l’alimentation de la mère. Le goût du lait peut ainsi changer, permettant au bébé de s’habituer à différentes saveurs. Le lait maternel contient plus de 200 composantes, essentiellement faites de :
Protéines, non allergènes, faciles à absorber et à digérer
- sucres et de gras fournissant l’énergie nécessaire aux cellules du bébé
- vitamines et de minéraux (par exemple, la vitamine C et le fer)
- enzymes qui facilitent la digestion du bébé
- acides gras essentiels pour le développement du cerveau et de la vision
- anticorps et molécules antimicrobiennes qui aident le bébé à se défendre contre les bactéries et les virus
- hormones et facteurs de croissance qui pourraient stimuler la croissance et le développement du système digestif et du système immunitaire de l’enfant
- cellules vivantes qui protègent le bébé des infections et qui stimulent son propre système immunitaire.
Dossier réalisé par Hanitra R.
Source : rapport UNICEF (« Saisir le moment. La mise au sein précoce : le meilleur départ dans la vie pour chaque nouveau-né »)