
Le boycott de l’élection du 07 novembre est dans l’air après la déclaration commune faite hier par un Collectif de 22 candidats.
Le cas du candidat André Mailhol dont le nom a été subitement rayé de la liste électorale a fait déborder le vase. Hier, 22 candidats à l’élection présidentielle du 07 novembre ont signé une déclaration commune où ils donnent 24 heures à la CENI pour « ouvrir la liste électorale viciée afin d’y inscrire tous les citoyens en âge de voter omis de la liste », d’ « entamer un toilettage afin d’y soustraire les doublons, les mineurs et les irrégularités inscrites dans cette liste », de « trouver une solution pour les citoyens qui n’ont plus de carte d’identité nationale, car il y a une pénurie », et de « publier et de permettre la vérification des listes des bureaux de vote dans chaque commune et Fokontany ». Ces 22 candidats demandent également à la Commission Electorale Nationale Indépendante d’ « inclure les dispositions obligatoires de la Charte de bonne conduite des candidats dans la loi électorale comme règles contraignantes avec des sanctions dissuasives pénales et pécuniaires en cas de violations », et de « prendre des sanctions sévères et exemplaires contre les candidats ayant déjà violé ces dispositions ».
Constats d’anomalies. Après avoir analysé l’évolution des électeurs inscrits entre 2013 et 2018, le Collectif de 22 candidats ne peuvent que constater des anomalies qui, selon eux, compromettent gravement la crédibilité et la sincérité du futur scrutin. « Avec seulement 9.913.599 électeurs, sur une population de plus de 25 millions d’habitants dont plus de 50% est en âge de voter, ce sont près de 3 millions de Malgaches qui sont privés de leur droit le plus fondamental, annihilant ainsi les dimensions crédible, inclusive et démocratique du processus, puisque la loi dispose que la liste n’est plus modifiable. », dénonce le Collectif. Avant d’enfoncer le clou : « L’augmentation des électeurs est la plus forte dans les régions peu peuplées et les plus enclavées, où le taux de participation est historiquement bas (Androy, Atsimo Andrefana, Ihorombe, Melaky et Menabe) alors qu’elle est la plus faible dans les régions les plus peuplées ou le taux de participation est nettement plus important (Analamanga, Antsinanana, Haute Matsiatra, Vakinankaratra, Vatovavy Fitovinany). Ces éléments sont totalement contraires aux dynamiques démographiques et sociales et procèdent de fait d’une manipulation que ne peut qu’en appeler d’autres et qui discrédite totalement la sincérité et l’intégrité de la liste électorale. »
Bureaux de vote fictifs. Un autre constat s’impose après avoir conclu que l’augmentation globale des électeurs s’élève à peu plus de 2.074.331. « En supposant que le taux fatidique de 40% de participation soit atteint (soit près de 4 millions de votants sur plus de 25 millions d’habitants, ce qui laisse perplexe au demeurant sur la légitimité future du président qui sera élu), cette augmentation correspond au nombre de suffrages pour obtenir la majorité nécessaire. Dans la mesure où, d’une part, des bureaux de vote ne peuvent qu’être considérés pour l’heure comme fictifs (4.787 bureaux de vote sont nouveaux et pour la majorité encore inconnus, alors que de nombreux ‘fokontany’ dans plusieurs communes ont été délestés des bureaux de vote pourtant actifs lors de toutes les élections précédentes), d’autre part, la pénurie d’imprimés de carte d’identité nationale sévit encore alors que 1 million d’imprimés aurait été distribué il y a un mois, la suspicion de fraudes massives est amplement avérée. Ces fraudes massives seraient perpétrées dans des bureaux de vote fictifs avec des électeurs factices répertoriés dans les régions enclavées qui ont anormalement fait l’objet des plus grandes augmentations d’électeurs, elles échapperont de fait à tout contrôle. », a dénoncé hier le Collectif de 22 candidats.
Boycott. Dans leur déclaration commune d’hier, les 22 candidats concernés déplorent leur « perte de confiance totale » dans le processus électoral qui est engagé, autant à l’égard des autorités que des institutions qui en sont chargées. « Nous leur demandons en conséquence d’assumer leurs responsabilités et de prendre en urgence toutes les mesures complémentaires de nature à garantir des élections libres, neutres, transparentes, inclusives et crédibles attendues par les communautés nationales et internationales, sauf à se rendre complices, en conscience, d’un processus qui ne peut que provoquer des crises chroniques malgaches. », ont-ils lancé. La question qui se pose est de savoir quelle mesure ces 22 candidats vont prendre si la CENI ne donne pas suite dans 24 heures à leurs desiderata. D’après nos sources, le boycott de l’élection du 07 novembre ne serait pas à exclure.
Recueillis par R. Eugène