L’art a pris une place prépondérante dans la vie de la société malgache depuis le début de l’année 2024. Décadent pour les uns, instrument d’engagement pour les autres. Il est incontestable que ces représentations ont ébahi le public. Son côté divertissant émerveille une population plongée dans l’extrême pauvreté. Les soucis s’en vont quand on assiste à des festivités électriques comme Somaroho, Dona-Be ou encore Tria-tria. Les Malgaches ont également pu tirer une leçon grâce au dévouement du couple Shyn-Denise qui s’est accroché à son rêve avec persévérance. La conviction d’Ambondrona, la témérité de Jaojoby, l’énergie inépuisable d’Henry Ratsimbazafy sont des exemples à suivre… L’art ne se résume pas à la musique. Il compose les pas de Chacha et de Michelle Ange, taille les crayons de Nino Pillar comme il aiguise la plume de Michèle Rakotoson, brosse la toile de Zouzar, oriente l’objectif de Pierrot Men… L’inspiration, c’est le carburant ! Elle génère des idées créatrices selon les circonstances. Justement, 2024 a été une année déclencheuse, si l’on peut l’exprimer ainsi. La lenteur administrative, le délestage, la coupure d’eau, les verbiages des candidats aux élections, la folie des grandeurs ainsi que les dépenses folles des dirigeants stimulent le talent. En outre, les réseaux sociaux, en l’occurrence Facebook, sont des instruments de diffusion. Par conséquent, les œuvres remplissant le fil d’actualité attisent la curiosité du citoyen. Les influenceurs, eux aussi, ont une manière de transmettre leur message, comme les humoristes. Forts en dérision, ceux-ci s’en prennent aux intendants, soit en les imitant, soit en se mettant dans la peau d’une victime badaude. Sans détour, ces styles artistiques irritent les concernés. Donc, demeurer indifférent est le seul moyen de soulager la conscience. En revanche, si la réalisation s’avère gênante, des artistes gravitant autour du pouvoir jouent les faire-valoir. « Ceux qui affirment qu’il n’y a pas de changement sont des aveugles », clament-ils sur scène lors des inaugurations des infrastructures. La plupart de ces auxiliaires sont des chanteurs. D’ailleurs, les autorités ont toujours valorisé la musique au détriment des autres disciplines d’art, la raison pour laquelle les autres esthètes deviennent des contestataires. Sous un autre angle, les responsables étatiques considèrent que le peuple n’a guère de notion d’art, une erreur fondamentale de première catégorie. En somme, les représentations artistiques proposées par les génies malgaches dépendent du contexte et de la circonstance dans le pays. Puisque la crise socio-économique a atteint son pic ces deux dernières années, les artistes relatent les faits. Tant subtiles que crues, les œuvres ont pour objectif d’aiguillonner les compatriotes.
Iss Heridiny
