
Les activités de pêche, principalement la pêche aux poulpes des communautés des environs de la Baie d’Ambodivahibe, ont connu un essor exponentiel lorsque les pêcheurs ont commencé à adopter les méthodes de pêche durable respectant les périodes de fermeture de la pêche. Soutenues par Conservation International, ces communautés viennent de bénéficier d’un projet d’électrification, permettant d’améliorer les capacités de conservation et de stockage des produits de pêche et améliorer ainsi leurs prix et par ricochet, améliorer les revenus des communautés de pêcheurs.
Et la lumière fut. Pour les communautés d’Ampondrahazo et d’Ambavarano, faisant partie des populations des environs de la Baie d’Ambodivahibe, dans le Nord de Madagascar, l’électrification devient une réalité avec la remise officielle, hier, d’une centrale solaire par Conservation International, au profit des communautés de ces villages dans l’aire marine protégée d’Ambodivahibe.
Car l’électricité qui arrive dans les habitations n’est qu’un avantage de plus pour ces communautés. La centrale solaire qui produit l’électricité est avant tout un moyen permettant de développer les activités de pêche durable dans cette localité, et d’améliorer le niveau de vie des communautés, tout en préservant les ressources marines. En effet, les activités de pêche – principalement la pêche aux poulpes – de ces communautés ont connu une évolution spectaculaire. En quelques années, leur niveau de vie a radicalement changé, après avoir adopté les principes de régulation des périodes de pêche, permettant ainsi aux ressources marines de se régénérer.Les effets n’ont pas tardé à se refléter sur les productions de poulpes : de 670 kilos, il y a encore quelques années, les premières prises au premier jour de l’ouverture de la campagne de pêche, sont passées à 8 tonnes. Ces bonnes pratiques adoptées par les communautés de pêcheurs ont, toutefois, été quelque peu victimes de leur succès. Les productions, devenues fort abondantes, nécessitent dorénavant la mise en place d’infrastructures de conservation. Raison pour laquelle Conservation International – qui intervient dans cette zone depuis plus de 10 ans – a accepté de financer et de mettre en place, à la demande des communautés, une chambre froide (et une machine à glace) fonctionnant à l’énergie solaire. Remises officiellement, hier, aux communautés de pêcheurs, ces nouvelles infrastructures d’une valeur de 240 millions d’ariary, permettent d’améliorer à la fois la qualité des produits de pêche et leurs prix, si auparavant, les pêcheurs sont contraints de revendre leurs productions au jour le jour, faute de moyens de conservation et de stockage. Par la même occasion, 65 habitations ont accès à l’électricité domestique et ce, 24h/24.
Dix fois plus. « Avant, nos poulpes sont vendues à 6.00 ariary le kilo. Maintenant, on peut les vendre à un prix dix fois plus élevé : 6.000 ariary, parce que nous ne sommes plus obligés de les écouler sitôt revenus de nos sorties en mer »,se réjouit Jaoravo, président de la plateforme MITAFA, regroupant des associations de pêcheurs de la localité. Et d’ajouter : « avec les régulations des périodes de pêche, la production a fortement augmenté. Chaque pêcheur revient avec au moins 40kg, voire 100kg le jour de l’ouverture de la campagne de pêche, si auparavant, dans les années 2000, certains rentraient avec seulement 5kg au maximum ». Cette évolution n’a pas tardé à avoir des impacts positifs sur la vie des communautés. « Nous avons largement de quoi envoyer nos enfants à l’école, les familles mangent à leur faim, et peuvent acquérir des biens qu’ils n’auraient jamais eu accès avant », affirme toujours Jaoravo, pas peu fier de la transformation dont il est témoin au sein de sa communauté.
Outre la centrale solaire les et la chambre froide, les communautés d’Ampondrahazo et d’Ambavarano ont également reçu d’autres dons, en soutien à leurs activités. Le plus important est, certainement l’embarcation dotée de deux moteurs hors bords de 15 et 30 chevaux, fournie par le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) et destinée à la surveillance de la zone de pêche des communautés et lutter contre le pillage des ressources. Les associations féminines, dont celle des femmes pêcheurs, elles aussi fortement actives, ont reçu des soutiens matériels destinés au développement de leurs activités écotouristiques. Faut-il rappeler que la superficie de l’Aire marine protégée d’Ambodivahibe est de 39.794ha.
Hanitra R.