
Madagascar a perdu 44% de sa couverture forestière, en seulement 60 ans. Des procédures et des approches ont été déployées pour stopper ce fléau, mais des efforts restent encore à entreprendre.
Des chercheurs se lancent dans des réflexions et études afin de comprendre la conservation de la biodiversité aux yeux de la population locale. C’était l’objectif annoncé par Arlette Ravolatsara, chercheur au CNRE et Doctorante en Anthropologie à l’Université d’Antananarivo, lors d’une conférence, qui s’est tenue à l’IFM Analakely, samedi dernier, sous le thème : « Les savoirs locaux, atouts pour la conservation de la biodiversité ». En effet, ce travail a cherché à saisir la place que tiennent les savoirs locaux dans la gestion des ressources naturelles. Les études qu’elle a réalisées dans la région Menabe, plus précisément dans la réserve Menabe Antimena, affirment que chaque société définit des règles concernant son milieu naturel et les rapports qu’elle entretient avec lui. La maîtrise de l’espace et de l’environnement renvoie à des conceptions autochtones liées à des représentations symboliques et des actes individuels ou collectifs. En fait, la réserve reste toujours menacée, car selon les rapports, 19% des forêts sont détruits entre 2000 et 2015, 33,6% seront détruits en 2020 si on ne trouvera pas une solution, 48,1% en 2025, 62,7 en 2030 et 77,2% en 2035.
Optiques diversifiées. « Les interprétations des variables suite à des enquêtes confirment notre hypothèse selon laquelle les savoirs locaux sont des atouts pour la conservation de la biodiversité. Ce qui signifie que la communauté dominée par des autochtones, comme le cas de Kiboy, un village très traditionnel, ont une conception et un respect des valeurs traditionnelles. Ils perpétuent encore la culture léguée par leurs ancêtres. Pour eux la forêt est un abri des esprits de leurs ancêtres,…Ce qui n’est pas le cas dans les villages de Kirindy et de Lambokely où la culture traditionnelle est absente. Ces deux villages sont très hétérogènes et dominés par la culture d’arachide et de maïs. Ce qui nous permet de dire que, dans ces zones, la société et la biodiversité sont en relation étroite tant du point de vue économique et subsistance, que du point de vue religieux, comme le cas de Kiboy, de Kirindy et Marofandilia auparavant », a noté Arlette Ravolatsara, lors de son intervention. D’après ses dires, cette étude a surtout permis d’apprécier les relations, les représentations et les pratiques qui permettent de mettre en évidence la place des ressources naturelles dans leur dimension profane et sacrée. En outre, pour une durabilité du paysage forestier, la valorisation des savoirs locaux contribue efficacement à la préservation de la biodiversité. Ces savoirs endogènes constituent un dispositif de conservation répondant à l’attente de la population locale, a avancé la Doctorante.
Importance. A noter que Madagascar devient un des 25 hots spots mondiaux de biodiversité, qui représentent 44% des plantes et 35% des vertébrés, selon Conservation Internationale. La situation actuelle est très alarmante, d’où la mobilisation de l’Etat, des institutions étatiques ou organismes non gouvernementaux, et même des bailleurs. Faut-il rappeler que la politique de conservation de l’environnement a existé depuis même la royauté, à l’époque du roi Andrianampoinimerina, qui interdisait déjà les feux des forêts à ce temps. Il y a également le code des 305 articles de la Reine Ranavalona II.En fait, plusieurs stratégies sont en place pour limiter la dégradation de l’environnement.
Antsa R.