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mardi, juin 17, 2025
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Catastrophe humanitaire dans l’Androy : Des centaines de migrants bloqués à Fianarantsoa

Des images des migrants d’Androy qui circulent sur Facebook

La population de l’Androy fuit le Kere qui y sévit actuellement. Avant-hier, plus de cinq cent personnes (hommes, femmes et enfants) en partance d’Androy pour Antananarivo ont été bloquées à Fianarantsoa.

« Il ne reste plus personne dans notre village. Tout le monde est parti pour une vie meilleure car là-bas, l’on meurt de faim. Il n’y a rien à espérer, pas d’eau, pas d’aliment, rien ». Ce sont là les propos d’un père de famille originaire de la commune rurale d’Andatanosy, District d’Amboasary, qui a décidé de fuir le Kere qui sévit actuellement dans la région d’Androy. Enregistré dans une vidéo partagée par une source à Fianarantsoa, cet homme n’est pas le seul puisque d’autres, environ cinq cent personnes (hommes, femmes et enfants) selon des sources sûres à Fianarantsoa, sont dans la même situation que lui. « Avec ma femme et nos enfants, on a décidé de quitter Antanimora, là où je vis pour aller à Antananarivo. Ici, je pourrais peut-être trouver mieux », ajoute un autre père de famille. Ce dernier d’ajouter « il y a beaucoup de gens venant de nombreuses communes de la région d’Androy ici. La plupart viennent du district d’Amboasary. Il y en a qui viennent de Bekily, d’Ambovombe ou encore de Beloha ». En effet, les propos des migrants pourraient corroborer les résultats du dernier rapport du Cadre intégré de la classification de la sécurité alimentaire ou IPC, publiés au mois de décembre 2020 et portant sur l’analyse de l’insécurité alimentaire aigüe et de la malnutrition aigüe de l’IPC Octobre 2020 à avril 2021. Ledit document fait savoir que « 1,06 millions de personnes du Grand Sud et du Grand Sud-Est ont été en situation d’insécurité alimentaire aiguë élevée (phase 3 et plus de l’IPC) entre les mois d’octobre et décembre de l’année dernière ». Et que « sur les 1,06 millions, 89 % sont dans les régions du Sud». Ainsi, le rapport note que « sur la période courante, sur les treize districts analysés, Amboasary Atsimo connaît une situation d’insécurité alimentaire très inquiétante avec 20% de sa population en Urgence (Phase 4 de l’IPC) et 45% en Crise (Phase 3 de l’IPC) ». Le district serait suivi de « Bekily, Ambovombe et Beloha classifiés en Crise (Phase 3 de l’IPC) avec une proportion importante de population en Urgence (Phase 4 de l’IPC), avec 10% pour Ambovombe et Beloha et 15% pour Bekily ».

Politique. Si la migration de la population de l’Androy vers les autres régions du pays constituait une politique économique durant l’ère coloniale, elle serait actuellement une nécessité pour la population concernée. Récemment, « l’absence de politique de développement pour cette région durant quarante ans » a été avancée par un haut responsable du gouvernement comme l’une des causes ayant favorisé les vagues de migration depuis l’Androy. Il conviendrait de noter que le problème ne date pas d’hier. Des boîtes de presses locales ou nationales, les internautes sur les réseaux sociaux, ont à maintes reprises alerté sur les vagues de migrations observées du côté d’Ankarafantsika il y a de cela quelques années par exemple. « Des vagues durant lesquelles deux karandalana, les camions aménagés en taxi-brousse de 87 places, transportaient chaque semaine des gens venant de l’Androy pour les zones aux alentours du parc national d’Ankarafantsika ». Pour en revenir aux migrants bloqués à Fianarantsoa, quelques entretiens avec eux ont fait savoir que nombreux ont adopté « une stratégie de survie axée sur la nécessité de quitter leurs villages, communes, districts ». « J’ai dû vendre mes terrains agricoles pour juste 50 000 ariary», déplore un migrant. Et beaucoup comme lui auraient dû vendre leurs bétails, leurs ustensiles de cuisine tels les marmites, les cuillères ou encore les assiettes. Une décision qui n’aurait toutefois pas permis à ces familles d’avoir beaucoup d’argent étant donné la volatilité des prix causée par la crise et la limitation des sources de revenus qui affectent les régions du Sud. À l’heure où nous mettons ces informations sur colonnes, la ministre de la Population serait actuellement à Fianarantsoa pour constater de visu ce qui se passe là-bas. Bien que des solutions ponctuelles soient nécessaires pour résoudre l’urgence, il serait peut-être temps de penser à mettre en place et mettre en œuvre une vraie politique de développement pour le Grand Sud de Madagascar.

José Belalahy

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