- Publicité SW45 -
jeudi, mars 28, 2024
AccueilCultureChristina Rasoanirainy - Juriste en formation à l’université d’Antananarivo : « La corruption...

Christina Rasoanirainy – Juriste en formation à l’université d’Antananarivo : « La corruption est en nous »

Christina Rasoanirainy est une pétillante jeune femme, membre de l’équipe de l’université d’Antananarivo, qualifiée avec celle de l’UCM aux demi-finales du concours francophone inter-universitaire de débat de La Haye, qui se tiendront d’ici quelques semaines. Parcours habituel d’une jeunesse active tananarivienne d’aujourd’hui, nourrie de modèles mondialisés. Elle s’est laissée découvrir à travers quelques questions.

Midi Madagasikara : D’abord, votre petite biographie…

Christina Rasoanirainy : Je suis née à Tana, j’ai étudié dans une école privée à Tanjombato, j’ai eu mon baccalauréat à l’époque où on pouvait le passer en classe de première. Je suis juriste en formation à la Faculté de Droit et des sciences politiques de l’Université d’Antananarivo, membre du CAOD, observatrice à la JCI Mayendeleyo, activiste au sein de IYAFP Madagascar et Rary Aro Heroes Analamanga.

M.M : Maintenant vous allez affronter les idées des équipes internationales venant d’Haïti, de Suisse, du Maroc, du Sénégal… dans une compétition internationale, comment en êtes–vous arrivée à l’art du débat ?

C.R : Je dirais que l’art oratoire m’a toujours semblé séduisant. A l’époque du lycée, j’aimais déjà beaucoup les exposés en classe, mais majoritairement je ne me contentais pas que de déclamer des récits factuels mais également d’ajouter une touche personnelle. Je m’en souviens très bien lors d’un exposé argumentatif sur les compétences personnelles, j’ai cité les Bareas de Madagascar pour illustrer le fait de vivre de sa passion, la prof avait adoré. Mais je ne savais pas vraiment que c’était de l’art oratoire, je ressentais du plaisir à parler en public, et surtout à le conquérir avec les mots. J’avais ce besoin de me retrouver. Enfin bon, tout le monde pense que le débat et l’art oratoire c’est juste « parler » et pourtant ce n’est pas le cas, on est souvent confronté à des sujets complexes, des compétitions qui nécessitent un bon niveau critique et théorique, des jurys diversifiés. Lors de ma première scène externe j’ai exposé sur la culture du viol et fait une vidéo sur la plate-forme de JODI. Dans notre Faculté, on nous apprend à ne pas rester des « juristes bornés », et d’ailleurs je trouve que cela est parfait, ça nous permet de nous concentrer sur nos compétences transversales, en l’occurrence l’art oratoire, pour moi.

M.M : Justement, vos études vous poussent vers le monde de la justice et des lois, que pensez-vous de la corruption ?

C.R : Un de nos professeurs qui émettait des avis critiques sur la question, disait souvent : « La corruption est en nous ». Je pense qu’à Madagascar, la situation est assez critique, voire normalisée, comme c’est souvent le cas dans les pays en voie de développement en général. Mais je pense que combattre cela n’est pas impossible. Certes, la perfection n’existe pas, si c’était le cas, la Suisse aurait eu un 100 % sur tous les critères et pourtant elle est l’un des premiers pays fervents en termes de combat contre la corruption. Mais nous pouvons exceller, il faudra du temps, des voix, de la mobilisation, mais je crois aux jeunes de mon entourage qui se mobilisent pour changer les choses, et atteindre un jour un excellent score de combat contre la corruption. Je n’aurais qu’une seule réponse :le « laisser-faire ». En se conformant à la théorie de la dissuasion, l’inaction est un poison. Si la corruption a toujours existé et si aucun changement manifestement significatif n’a été constaté, c’est que l’intérêt pour son combat s’est dilué. Cela peut prendre forme à plusieurs niveaux, éviter les queues pour faire les papiers administratifs, la lenteur ou encore des « réputés » détournements. Perte d’intérêt qui peut également se manifester par le fait d’éviter les dénonciations ou les sanctions.

M.M : Les quarts de finale du concours francophone inter-universitaire de débat de La Haye se sont étalés sur le genre. Alors que le viol à Madagascar semble être un phénomène mal négocié par la société, l’idée comme quoi le viol est la faute des deux parties persiste encore actuellement – parce qu’une fille portait une mini-jupe, alors c’est un acte provoquant. Qu’en pensez-vous ?

C.R : Le viol n’est jamais la faute de la victime. Un être humain raisonnable ne viole pas. L’être humain est doté d’intelligence et de faculté de discernement, de libre-arbitre, en l’espèce de contrôler ses pulsions sexuelles indépendamment des choses qu’« il perçoit » ou qu’il ressent intérieurement. Je pense que beaucoup de jeunes malgaches sont conscients que cette affirmation est fausse, car le viol touche beaucoup plus de personnes que l’on n’aurait jamais pensé. A savoir des enfants – en tablier -, des jeunes garçons, et même des personnes en situation de handicap. Face à la libre-disposition du corps où chacun est libre de mettre ce qu’il veut, face au fait que chaque être humain est digne de respect indépendamment de son physique, de ses habits, face au fait que chaque être humain a droit au respect de son intégrité physique, à sa sécurité… Le viol est un phénomène médiocre, barbare voire animal, et blâmable. Le fautif est l’auteur, et ses complices sont ceux qui pensent qu’il ne l’est pas. Rien n’est plus lâche que de forcer une personne à assouvir ses pulsions sexuelles.

Recueillis par Maminirina Rado

- Publicité Google Ads -
Suivez nous
276,361FansJ'aime
4,243SuiveursSuivre
611AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici