Cette date revêt une importance dans l’histoire politique du pays. D’une part, elle consacre la restauration d’un Etat que l’on a tu ou du moins minoré pendant la période coloniale et d’autre part, cette date sera celle de la naissance d’un nouveau régime politique, la république.
22 août 1958, sur le « vato masina» à Mahamasina, le Général Charles de Gaulle a prononcé un discours lourd de conséquences pour nous, il a dit en substance : « Demain, vous serez de nouveau un Etat, comme vous l’étiez quand le Palais de vos Rois était habité, mais vous serez des hommes qui, en toute indépendance, se seront unis à d’autres hommes pour le meilleur et pour le pire. » Ces mots dits avec une voix chevrotante que l’on connaît de ce grand homme revêtent un double intérêt dont la portée reste vive encore aujourd’hui. L’Etat se définit par la constitution de trois éléments, un territoire, un peuple et un pouvoir et puis, il ne faut pas l’oublier, la reconnaissance des autres Etats. Radama, Roi de Madagascar a été reconnu comme tel par ses pairs contemporains à savoir, en particulier, la couronne britannique. Ce fait historique est indéniable du point de vue scientifique, c’est-à-dire prouvé et dénué de charges affectives. Et pourtant, durant la période coloniale, dans le dessein de pacification de l’île et selon la politique de Gallieni « Diviser pour régner », la prééminence d’un pouvoir central à Madagascar, d’avant la loi d’annexion, a été relativisée voire volontairement tue par le colonisateur. Ce n’est pas faire preuve d’ethnocentrisme de le rappeler, il y a bien eu une importante domination d’un royaume Sakalava à un moment dans notre histoire. Malheureusement, cette négation historique laisse encore des séquelles même aujourd’hui dans le discours politique. Il faudrait, cependant accorder de l’importance à ce discours de De Gaulle, car il est révisionniste mais pas seulement démagogique, il rétablit surtout des contre-vérités ayant servi à l’administration coloniale pour mater et démystifier les résistances contre elle tant sur les terres centrales que sur les littorales.
Et puis, n’en déplaisent aux nostalgiques de la monarchie, un régime, dans le vrai sens scientifique du terme, où le pouvoir se transmet héréditairement, cette date est à marquer d’une pierre blanche parce que désormais le régime républicain s’est installé dans le pays. Un pouvoir qui tire sa source dans la volonté populaire. Valeur que bien des fois, nos dirigeants ont tendance à oublier et que certains trublions politiques aiment à galvauder pour des fins de déstabilisation.
Enfin, il ne faut pas oublier que les relents monarchistes ont disparu, au-delà des rappels au passé des ascendants, ce qui est légitime, certains rappellent les vertus, soit disant, stabilisatrices de la monarchie, des essais de mobilisation des roitelets et prétendus descendants de roi de telles ou telles régions. Malgré tout, il faut avouer que le régime républicain est déjà ancré tant bien que mal à Madagascar et la première République n’est pas à négliger.
M.Ranarivao