Ses étudiants aurait pu l’appeler professeur Tournesol tant il ressemble au personnage de bandes dessinées d’Hergé. Des petits yeux à travers des petites lunettes rondes, la barbichette, le front haut, le costume- cravate moins la canne et le chapeau melon mais la pipe en plus, sauf qu’attention ce Monsieur-là, personne au grand jamais n’osait le chambrer. Docteur Rajaona Andriamananjara inspirait trop le respect de tout le monde. Ce produit de l’enseignement public a fait ses classes primaires à l’EPP Mahamasina-Est connue longtemps pour être « la maison des soldats » puis est monté au lycée Gallieni où il a décroché son bacc « Sciences Ex ». Après il a poursuivi ses études aux USA successivement au Princeton University, au George Whashingtown University et pour finir à l’University of Michigan comme Philosophae Doctor (Ph.D). Puis il a intégré le FMI comme économiste avec un rayonnement international. De retour au pays, il a assumé des postes de hautes responsabilités dont la liste serait trop longue à énumérer. Deux font sûrement l’objet de sa fierté, d’abord, celle d’avoir été le fondateur et puis Directeur Général de l’Institut Malgache des Techniques de Planification (IMaTeP), où sous sa férule des cadres tant Malgaches qu’Africains ont été formés dans la rigueur qu’on lui connaît – C’est la seule grande école qui n’ait jamais connu à notre connaissance de rumeurs de scandales- Il considère cette institution un peu comme son enfant. Ensuite, cet homme de sciences qui n’en est pas moins un amoureux des arts et des lettres a intégré l’Akademia Malagasy en 1978 pour en devenir son Président en 2002. Cet épris de sa langue maternelle, le malgache parle aussi l’anglais, le français, l’allemand et enfin le mandarin, c’est dire son érudition. Malgré ce qu’il a été, tout le monde reconnaît en lui l’humilité propre aux vrais grands de ce monde. Une anecdote illustre cette modestie : Il y a quelques années, une promotion d’étudiants de l’Essva d’Antsirabe lui a demandé d’être son parrain, demande à laquelle il a répondu : « Dîtes moi qu’est-ce qu’être un parrain, que dois-je faire ? On lui a unanimement rétorqué Rien, c’est nous qui devons tout faire pour mériter votre parrainage». Pour finir et, en son hommage, voici une traduction en malgache du célèbre poème Si de Rudyard Kipling transformé en Vitanao Ve? Et publié dans plusieurs pays. Extrait.
Vitanao ve ny miresaka amin’ny olon-tsotra ka mitàna ny hajanao ary koa ny hasinao,
Na miaraka amin’ny Mpanjaka ka mijanona ho olon-tsotra?
Vitanao ve ny tsy mety ratrain’olona, na fahavalo mankahala na sakaiza tena tia,
Na manome hasina ny rehetra fa ts’isy ny homena tafahoatra?
M. Ranarivao