Les vagues humaines lors des passages des candidats à la présidentielle nous donnent le tournis. A croire que chacun qui passe va faire l’unanimité, et que le nombre d’électeurs est élastique ou que chaque malgache va pouvoir élire un ou plusieurs candidats. Il suffirait donc d’annoncer sa candidature pour qu’on remplisse les places prévues à cet effet ? Et les éloges ne tarissent pas. « Un tel a conquis telle région pourtant supposée acquise à tel autre » ou « un tel a pris le fief d’un tel » et l’on se tape le ventre en se disant que c’est gagné. Et on se dit que la caravane de démonstration avec monnaies sonnantes et trébuchantes a payé. Et l’on oublie que dans un bled ou même une ville, qu’au-delà de l’instinct grégaire qui pousse à suivre là où va tout le monde, constitue un évènement qui comble la monotonie quotidienne, surtout que l’on y peut mêler fête et gain d’un petit billet de quoi mettre de l’huile dans ses « ananà »quotidiens. Projetez-vous, mesdames et messieurs, quelques mois plus tard et vous constaterez avec amertume de compter les quelques chiffres après la virgule que vous aurez glanés. Et vous vous direz : « Ce n’est pas possible, que je n’ai eu qu’un tel maigre score dans une circonscription où j’ai pu rassembler tant de population que je n’accueille que si peu de nombre de voix. » ou encore « c’est du vol ! Ce n’est pas vrai que là où je suis né que les électeurs ne me soient pas reconnaissants ». Dîtes-vous bien que vous ne serez pas le premier ou la première à faire ce constat amer. Bon nombre de candidats se sont déjà mordu les doigts avant vous, en pensant aux milliards dépensés, et surtout à la désillusion de s’être pris pour le messie de la nation.
Comment y remédier ? D’abord, méfiez-vous des vautours qui tournent autour de vous, ils ne sont là que pour vous plumer, s’ils avaient l’opportunité de gagner ici , maintenant et plus tard, s’ils le pouvaient ailleurs, ils se seraient empressés d’y aller, « mais faute de grive , ils se contentent de merle » comment on dit, ou encore sachez que « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute », et ils sont moins flatteurs que les autres pour certains candidats et c’est pourquoi, ils n’ont pas eu la place. Ces vautours ne sont là que pour vous dire à longueur de journée : Président, Président ! Président jusqu’à vous convaincre que vous l’êtes déjà. Si vous saviez que ces gens là, ils savent déjà qui sera élu mais ils se garderont bien de vous le dire.
Mais sachez surtout. Que les électeurs ne sont pas dupes. Sachez qu’en dessous des mouvements des vagues, il y a des lames de fond, il y a une tendance qui ne se révèle pas au grand jour, insondable mais profonde qui fait que l’histoire d’un pays ne se répète pas, bégaie peut-être mais va dans un même sens. Une direction apparente ou non, mais que tout vrai politicien se doit d’approprier. Un vrai homme d’Etat est donc celui qui perçoit ce sens de l’histoire.
M.Ranarivao