Cette période de pré-Sommet de la Francophonie a montré que les informations circulent et se propagent de façons différentes selon leurs contenus, leurs émetteurs et leurs récepteurs. Nous avons tous été témoins qu’il y a une dizaine de jours, l’on (le pronom indéfini qu’on qualifie toujours d’imbécile) a dit que pendant le Sommet, les pousses, les charrettes et même les scooters ne pourront pas circuler dans la capitale. Cette information relayée par les médias émanerait de sources plus ou moins autorisées. En crescendo, « les petites» gens se sont dites que les étals en bord de routes doivent être enlevés, même les boutiques construits en bois. Et puis, elles se sont chuchotées que le port de chaussures en cuir fermées sera obligatoire pour circuler sur la voie publique et les personnes en « scoubidou » ou tennis peuvent être chassées par la police. Enfin, les hommes, femmes et enfants en guenilles seront tenus de rester chez eux. Ces personnes non lecteurs de journaux à défaut de pouvoir en acheter ou qui n’écoutent pas la radio faute d’en avoir ont soutenu bec et ongles de la véracité de ces informations et le comble ,il semble, qu’elles soient au même niveau perception. Bref, l’information est supposée vraie pour les démunis et la fustigation à leurs égards est devenue maintenant officielle pour la bonne tenue de ce Sommet. Ce qui est étonnant dans ce phénomène est la célérité à laquelle cette couche dite défavorisée de la population s’est appropriée ces informations, la propagation s’est faite en moins d’une semaine et l’envergure a été sans pareille. Les autorités conscientes du caractère explosif de la situation ont vite fait de donner la version officielle en niant ces prétendues interdictions et de les dénoncer comme fallacieuses. Le démenti formel fait à la radio, à la télé et dans les journaux n’a pas fait changer la perception collective, car non seulement il n’a pas touché les cibles voulues mais est lent à se propager. Les spécialistes en communication doivent peut-être l’expliquer par le phénomène d’entropie ou déformation du contenu d’un message par le mauvais état du canal de communication, ou si l’on veut la rumeur véhicule par le « bouche à oreille » est fortement dénaturée. Mais même les intellectuels sont atteints par le phénomène. Savez vous ce qui se dit dans les salons :« François Hollande ne veux pas dormir à Madagascar et va se coucher toutes les nuits à La Réunion qui se trouve une heure de vol » Vrai ou faux ? Là les journalistes venant d’Ivato se plaignent qu’ils ne peuvent accéder dans l’aérogare, cette volonté de verrouiller explique peut-être tout.
M.Ranarivao