La Directrice de l’hôpital confirme qu’elle poursuit son traitement médical au Service Neuro-chirurgie.
« Une manœuvre orchestrée d’en haut pour échapper à une incarcération ». C’est l’avis de la majorité des observateurs face au feuilleton Claudine Razaimamonjy. Rentrée au pays samedi soir à 23h30 à bord d’un avion privé après deux semaines d’évacuation sanitaire à l’île Maurice, la Conseillère spéciale du président Hery Rajaonarimampianina a tout de suite été réadmise à l’hôpital HJRA. Dans un communiqué publié dimanche soir, le ministère de la Communication et des Relations avec les Institutions confirme que « Claudine Razaimamonjy a regagné Antananarivo la nuit du samedi 22 avril 2017 à bord d’un aéronef médicalisé et sous la bonne garde des agents pénitentiaires… Elle a immédiatement été placée sous traitements médicaux intensifs à l’HJRA ». Hier, la Directrice de l’HJRA, le Professeur Rakoto Alson Oliva Aimée a confirmé la réadmission de la patronne de l’hôtel « A&C » à la chambre 126 du Service Neuro-chirurgie. « Pour poursuivre son traitement et pour une surveillance médicale », selon ses dires. La Directrice de l’établissement s’est toutefois défendue de révéler la maladie. Secret médical oblige. Interviewé à propos de la poursuite du dossier judiciaire de la Conseillère spéciale auprès de la Présidence de la République, le Professeur Rakoto Alson Oliva Aimée s’est juste contentée d’affirmer que « les responsables de l’enquête pourront reprendre leur travail lorsqu’elle sera rétablie ».
Démarche adminsitrative. A l’allure où vont les choses, Claudine Razaimamonjy ne verra jamais la prison d’Antanimora. Bon nombre d’observateurs soupçonnent un « simulacre » d’une maladie inventée de toute pièce. D’autant plus que jusqu’ici, personne n’a pu vérifier si elle est réellement à la chambre 126 de l’HJRA. La visite y est strictement interdite et l’entrée, bloquée par deux agents pénitentiaires. D’après les informations qui ont circulé depuis le week-end, la baronne du parti au pouvoir aurait été déposée par un avion privé à Fianarantsoa. Ici, le conditionnel est de rigueur. Pour éviter les polémiques, le ministère de la Santé publique en particulier et les tenants du régime HVM en général devraient faire preuve de transparence et apporter des preuves confirmant le fait que Claudine Razaimamonjy se trouve réellement sur le lit de l’hôpital HJRA, quitte à autoriser les journalistes à vérifier par eux-mêmes la véracité de l’information. C’est certainement à cause du flou et du manque de transparence autour de cette affaire que le Syndicat des Magistrats de Madagascar décide de lancer une démarche administrative pour vérifier si Claudine Razaimamonjy suit réellement un traitement médical au service Neuro-chirurgie de l’HJRA. Joint au téléphone hier soir, la présidente du SMM, Fanirisoa Ernaivo a émis un doute. « Nous allons vérifier si elle a réellement été réadmise à l’hôpital… Il faut également s’assurer que l’enquête et la procédure judiciaire ne sont pas bloquées », a-t-elle lancé.
« Traitement de faveur ». En tout cas, bon nombre d’observateurs attendent la finalité de cette démarche initiée par le SMM qui pourrait durer une semaine selon Fanirisoa Ernaivo. Inculpée de détournement de deniers publics, favoritisme dans l’octroi de marchés publics et blanchiment d’argent, la Conseillère spéciale du président de la République devrait être placée sous mandat de dépôt à Antanimora le 7 avril. Pourtant, jusqu’ici, bénéficiant du soutien des tenants du régime, elle n’a jamais mis les pieds à la prison. Plus d’un considère sa réadmission à l’HJRA comme « un traitement de faveur ». Dans son communiqué, le ministère de la Communication et des Relations avec les Institutions affirme que « le dossier Claudine Razaimamonjy n’est point une affaire d’Etat, mais tout simplement un dossier pénal traité par la Justice, parmi tant d’autres et touchant le commun des justiciables. Le gouvernement et le président Hery Rajaonarimampianina n’ont donc nullement à se prononcer sur un simple dossier pénal touchant une simple citoyenne ». Le MCRI oublie-t-il que cette affaire implique le détournement de plusieurs milliards d’Ariary de l’argent des contribuables par une Conseillère spéciale auprès de la Présidence de la République, qui est d’ailleurs connue comme étant très proche du couple présidentiel ? Nul n’ignore que depuis le début de cette affaire, de nombreux hauts responsables étatiques ont tenté moult interventions, pour ne citer que le cas du ministre de la Justice Charles Andriamiseza qui a organisé une conférence de presse à 23 heures le 5 avril pour réclamer la libération immédiate de la patronne de l’hôtel « A&C » qui était alors placée en garde à vue au siège du Bianco à Ambohibao. Plusieurs membres du gouvernement sont également soupçonnés d’avoir facilité son évacuation à l’île Maurice. La question est de savoir : si cette histoire ne constitue point une affaire d’Etat, pourquoi les autres affaires judiciaires « ordinaires » n’ont pas fait l’objet d’un communiqué officiel du gouvernement ?
Davis R