Ce jour, les membres de la presse se donnent rendez-vous à l’Assemblée nationale en vue d’exprimer leur mécontentement contre ce projet de loi considéré comme « une disposition liberticide ».
La réponse du berger à la bergère. 24 heures après le vote au Sénat du projet de loi portant Code de la communication, la Grande famille de la presse prévoit de riposter. On s’achemine vers le boycott par les médias privés, des informations du Sénat et de l’Assemblée nationale. Toutes les informations concernant ces deux institutions ne seront pas publiées. La décision a été évoquée hier au cours de la réunion des patrons de presse regroupés au sein du Groupement des Editeurs de Presse Indépendants de Madagascar (GEPIM) qui s’est déroulée à Antanimena. Pour l’instant, l’initiative concerne uniquement la Chambre haute. Elle pourrait toutefois être prise contre l’Assemblée nationale au fur et à mesure de l’évolution des débats à Tsimbazaza. Faut-il rappeler que durant l’adoption de ce projet de loi au Palais de Verre d’Anosikely, certains sénateurs n’ont pas caché leur « haine » envers les membres de la presse. Certains sont même allés jusqu’à réclamer des peines plus lourdes contre la presse. En tout cas, ce sujet risque de provoquer une nouvelle tension entre les responsables politiques et la presse. Certains politiciens envisagent de museler la presse pour cacher les mauvaises pratiques et les corruptions qui gangrènent actuellement l’Administration publique et les institutions de la République.
Lobbying. Face à cette menace, les journalistes refusent de rester les bras ballants. Une campagne de lobbying est lancée notamment au niveau du Parlement. Ce jour, les membres de la presse se donnent rendez-vous à l’Assemblée nationale en vue d’exprimer leur mécontentement contre ce projet de loi considéré comme « une disposition liberticide ». D’après les informations, une rencontre avec les différents groupes parlementaires existant à la Chambre basse figure à l‘ordre du jour de cette journée de manifestation. L’objectif est notamment de réclamer l’abrogation de l’article 20 de la loi sur la cybercriminalité qui prévoit que : « L’injure ou la diffamation commise envers les Corps constitués, les Cours, les Tribunaux, les Forces Armées nationales ou d’un Etat, les Administrations publiques, les membres du Gouvernement ou de l’Assemblée parlementaire, les fonctionnaires publics, les dépositaires ou agents de l’autorité publique, les citoyens chargés d’un service ou d’un mandat public, temporaire ou permanent, les assesseurs ou les témoins en raison de leurs dépositions, par les moyens de discours, cris ou menaces proférés dans les lieux ou réunions publics, soit par des écrits, imprimés, dessins, gravures, peintures, emblèmes, images ou tout autre support de l’écrit, de la parole ou de l’image vendus ou distribués, mis en vente ou exposés dans les lieux ou réunions publics, soit par des placards ou des affiches exposés au regard du public, soit par le biais d’un support informatique ou électronique, sera punie d’un emprisonnement de deux ans à cinq ans et d’une amende de 2 000 000 Ariary à 100 000 000 Ariary, ou l’une de ces peines seulement ».
Ordre du jour. Pour l’instant, le groupe parlementaire « Tiako i Madagasikara » constitue l’unique force politique à l’Assemblée nationale qui a déjà officialisé son soutien à la revendication des journalistes. Hier, le député de Tana IV, Félix Randriamandimbisoa a déclaré que « le TIM ne votera pas cette loi ». « Nous ne pouvons pas cautionner une disposition contraire à la liberté de presse et à la liberté d’expression », a-t-il fait savoir. Nul n’ignore pourtant que le boycott des députés TIM ne suffira pas pour bloquer l’adoption de ce projet de loi. L’adhésion des autres groupes parlementaires est nécessaire. Il convient de noter aussi que le vote du projet de loi portant Code de la communication ne figure pas encore à l‘ordre du jour adopté mercredi dernier à Tsimbazaza.
Davis R