
La communauté d’Ankazomborona, un village de pêcheurs de la baie d’Ambaro, dans la partie nord-ouest de Madagascar, a su mettre en place en moins de deux ans, une structure efficace et désormais bien rôdée, en matière de gestion communautaire pour la conservation des mangroves qui l’entourent.
Les mangroves autour d’Ankazomborona figurent aujourd’hui parmi les mieux protégées de la baie d’Ambaro. Ce qui n’était pas le cas il y a à peine deux ans. Cette communauté renaît, en réalité, d’un traumatisme dû à la destruction de son village par les feux de brousse au cours desquels, elle a perdu quasiment les trois quarts du village, calcinés. Près de 600 personnes ont perdu leur habitation du jour au lendemain. L’absence de cohésion sociale dans ce village n’a pas arrangé la situation car à force de vouloir sauver individuellement sa propre habitation, au lieu d’unir les efforts pour combattre le feu ensemble, personne n’a, au final, réussi à sauver grand-chose et tous sont sortis perdants. C’était en août 2016. Depuis, les villageois ont changé leur fusil d’épaule.
De l’autodestruction à la reconstruction. Appuyés par WWF qui a dispensé en 2017 une série de formations en gestion communautaire des forêts, ces villageois ainsi que ceux des villages voisins, ont su inverser la tendance à l’« autodestruction » par les feux de brousse. Les organisations villageoises de la baie d’Ambaro, parmi lesquelles celle d’Ankazomborona, ont alors suivi ces activités de renforcement de capacités. « Depuis, les caisses de la communauté ont quintuplé leur valeur car les membres savent où vont leur cotisation et décident ensemble comment dépenser leur argent selon les besoins de la communauté », explique-t-on du côté de WWF. « C’est cette cohésion qui a été la clé de la gestion efficace des mangroves », reconnaît pour sa part, Ahmad Jacques, président de l’organisation communautaire « Ankameva » qui gère les 926 hectares de mangroves autour du village d’Ankazomborona. Forts de cette cohésion, leçon tirée d’une tragédie, les villageois ont pu reconstruire près de 120 maisons, couvertes avec des tôles fournis par WWF. Cette expérience a changé la perception des villageois sur l’importance de la protection des mangroves et des ressources naturelles qui y sont associées. « 350 villageois ont adhéré l’organisation qui gère la forêt de mangroves alentour », note alors WWF. Ces villageois procèdent régulièrement à des activités de reboisement des mangroves et en seulement quelques années, ils ont pu reboiser sur une surface s’étendant jusqu’à 151ha.
Hanitra R.