
La hausse des recettes d’exportation pourrait freiner dans les mois qui viennent la dépréciation de l’ariary.
Le marché interbancaire des devises, affiché hier par la Banque Centrale de Madagascar, confirme la projection de la Loi de finances rectificative 2019 sur une dépréciation continue de l’ariary cette année.
Dépendance. Hier, le dollar était à 3 631 ariary, alors que l’euro affichait une parité de 4 080,12 ariary. Comparée aux cours de changes du début de l’année, où le dollar était à 3 473,16 ariary et l’euro à 3 975,01 ariary, la monnaie nationale a ainsi perdu respectivement 157,84 points par rapport au billet vert, et 105,01 points par rapport à la monnaie européenne. Cette dépréciation relativement importante de l’ariary confirme en tout cas la projection de la Loi de finances rectificative qui, dans son exposé des motifs, fait état d’une dévaluation de 2,3% le long de cette année. Une dépréciation consécutive notamment à la dépendance de l’économie vis-à-vis des aides extérieures, et au creusement persistant de la balance commerciale. En effet, malgré une offre relativement importante provenant des recettes de la filière vanille, la Grande Île continue d’importer beaucoup, notamment du carburant. On assiste également à une hausse importante des biens de consommation qui continue de peser sur cette balance commerciale défavorable pour Madagascar.
Bonne nouvelle. En somme, après un bilan peu reluisant en 2018, l’ariary continue malheureusement son chemin vers la dépréciation. On rappelle qu’en 2018, l’ariary a perdu 300 points par rapport à l’euro et 400 points par rapport au dollar. Confirmant ainsi cette grande compétitivité du billet vert sur le marché international des devises. Mais la bonne nouvelle, c’est que cette dépréciation de l’ariary sera relativement freinée par au moins deux facteurs. Il y a tout d’abord cette accumulation d’importantes réserves de change attendue sur les exportations de vanille et de produits manufacturés, ainsi que les décaissements des aides budgétaires prévus pour l’année 2019. De plus, la Banque centrale de Madagascar (BFM) prévoit de réaliser un effort supplémentaire de +146 millions de DTS à titre de réserves officielles par rapport à 2018, ramenant à 1 272 millions de DTS le cumul des réserves comptabilisées, soit 4 mois d’importations en biens et services. Elle interviendra également sur le marché interbancaire de devises (MID) pour lisser les fluctuations marquées des taux de change, et utilisera de nouveaux outils de politique monétaire en vue de garantir l’efficacité et l’efficience de la politique de change.
Relance. Mais les analystes économiques estiment que le meilleur moyen de renverser la tendance en matière de cours de change, et voir ainsi l’ariary s’apprécier par rapport aux devises de références que sont le dollar et l’euro, est d’améliorer la productivité agricole et industrielle. Et ce, afin de mettre un terme à la dépendance de l’économie sur les importations. « Les importations devraient se concentrer sur les biens d’équipements et non les biens de consommation », affirme un observateur. En tout cas, avec la relance de l’aménagement agricole du Bas Mangoky, par exemple, la productivité agricole est appelée à s’améliorer. Par ailleurs, la politique d’industrialisation agricole prévue dans le Plan d’Emergence de Madagascar constitue une bonne option pour la marche vers la croissance inclusive et durable.
R.Edmond.