
Faute suffisamment de débats d’idées, la lutte de classes pourrait s’inviter dans la campagne avec ce que cela comporte de risques de dérapage non contrôlé dans cette dernière ligne droite.
Les 5 candidates et 4 candidats à la mairie de Tana mettent tout le paquet pour la dernière ligne droite de la propagande. Une campagne électorale marquée par une bataille de fonds et sur fond de lutte de classes. En effet, chaque candidat a ses propres sources de financement, mais aussi son électorat propre. C’est le cas notamment entre la doyenne et la benjamine des candidates qui a chacune ses partisans et partisanes, tel qu’on a pu le constater avant-hier lors des « faradoboka » du dernier week-end de campagne. C’est surtout la classe moyenne qui a rempli le terrain vague d’Ankadimbahoaka où celle qui porte le dossard n°6 a tenu son méga-meeting. En revanche, les bas quartiers ont envahi le coliseum d’Antsonjombe où la candidate n°9 a organisé sa grande réunion publique électorale à Tana. Même côté artistes, le répertoire et le genre musical ne sont pas les mêmes.
Foza vs classe moyenne. Les deux sites de meeting reflètent également le fond du tableau. Le terre-plein d’Ankadimbahoaka a été remblayé par Marc Ravalomanana du temps où il était président de la République. Quant au coliseum d’Antsonjombe, c’est le président de la Transition qui l’avait réalisé. Les deux principaux protagonistes de la crise 2009 étaient d’ailleurs présents dimanche pour soutenir leurs candidates respectives. En tout cas, Lalao Ravalomanana n’a pas commis la bourde de Jean Louis Robinson qui s’était mis à dos l’électorat des bas quartiers de Tana au second tour des présidentielles, en déclarant haut et fort vouloir « passer à la poêle les foza ». Et ce, même si Lalatiana Rakotondrazafy le remet indirectement sur le terrain de la campagne en déclarant « mettre fin à la discrimination sociale entre hauts et bas quartiers ».
Un homme, une voix. De toute façon, pour la classe moyenne comme pour les bas quartiers, c’est « un homme, une voix ». Un principe qui consacre l’universalité du suffrage et son égalité. A moins de se livrer à des fraudes qui entacheraient la régularité et la sincérité du scrutin, il n’y a pas de voix qui compte plus ou moins qu’une autre. C’est pour cela que les uns essaient de mordre sur l’électorat des autres. De toute façon, il appartient à chaque candidat et candidate de mobiliser ses électeurs pour qu’ils se rendent massivement aux urnes le jour du scrutin. Au soir du 31 juillet, l’abstention pourrait effectivement faire la différence. Entre la classe moyenne et les bas quartiers qui n’ont pas forcément le même comportement électoral. A l’image de la propagande qui diffère sur le fond(s).
R. O