
« Sauvegarde de la maison commune ». L’encyclique Laudato si, du pape François dont un large écho a été entendu lors de sa visite à Madagascar, est un appel à une véritable révolution écologique et à un changement de paradigme face à la dégradation ultrarapide de la nature et l’exploitation éhontée des ressources naturelles, plus que jamais d’actualité à Madagascar comme ailleurs.
Laudato si (Loué sois-tu), l’encyclique du pape François, paru en juin 2015, a trouvé, une fois encore, un écho fortement ressenti à Madagascar lors de la visite du souverain pontife dans la Grande Ile. Cette encyclique qui aborde les questions environnementales et sociales appelle à un changement radical dans les manières de penser la protection de la Nature, pour la considérer dans une approche d’écologie intégrale. Le discours du pape au Palais d’Etat d’Iavoloha, le lendemain de son arrivée à Madagascar, renvoie aux responsabilités de chacun dans le pays, en matière de protection de la biodiversité riche et unique de la Grande Ile face à une situation désastreuse faite de braconnage, de feux de forêt et de feux de brousse, de coupe illégale et totalement immodérée des bois précieux, d’ exportations illicites d’espèces en tous genres… Une Nature malmenée, voire brutalisée, dont les conséquences se retournent en somme contre les humains eux-mêmes, dans un processus d’autodestruction dans lequel le pays s’enlise de plus en plus. Une situation malgache à redresser de toute urgence, et qui doit par conséquent, constituer une priorité selon le souverain pontife, et ce, en considérant la question de manière à aboutir à des solutions intégrales. « Il ne peut pas y avoir de véritable approche écologique ni un travail concret de sauvegarde de l’environnement sans l’intégration d’une justice sociale qui accorde le droit à la destination commune des biens de la terre aux générations actuelles, mais également futures », a-t-il affirmé. De quoi interpeller les autorités malgaches dans la recherche de solutions permettant d’agir en faveur de la sauvegarde de l’environnement en considérant des franges de populations jusqu’à présent laissées de côté. « Créer des emplois et des activités génératrices de revenus qui respectent l’environnement et qui aident les personnes à sortir de la pauvreté’ », a souligné le pape à Iavoloha. Une déclaration largement partagée par les organismes défenseurs de l’environnement, tel WWF Madagascar qui parle, en rappelant les messages du pape lors de sa visite, de « développement humain intégral en harmonie avec la Nature ».
Qualité de vie. L’encyclique du pape François suggère ainsi, dans le cadre du nouveau paradigme de l’écologie intégrale, la construction de nouveaux modèles de développement et ne plus s’arrêter à la simple recherche d’un « juste milieu entre la protection de la nature et le bénéfice financier » mais de « redéfinir » véritablement le progrès. Autrement dit, ne plus situer simplement le progrès comme égal à la croissance et à l’accumulation de richesses, mais l’associer à l’amélioration de la qualité de vie jusqu’à un niveau satisfaisant, voire davantage. Le concept semble ouvrir à son tour un champ de réflexion quant à la définition et à l’appréciation de la « qualité de vie ». Mais dans tous les cas, la recherche d’une issue aux problèmes environnementaux doit impérativement prendre en compte des éléments qui renvoient aux communautés, aux humains.
Hanitra R.