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mercredi, décembre 4, 2024
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Décès : Lalie, sa vie, une œuvre laborieuse mais magnifique

Hanitriniala Lalie Louise Andriamazava, au-delà de son héritage musical, laisse son histoire d’un combat remporté face à l’adversité de la vie

Hanitriniala Lalie Louise Andriamazava a fini sa vie avec honneur bien qu’elle ait été emportée par une maladie dimanche matin. Un courage d’artiste, elle a été l’exemple parfait de l’acharnement de la vie sur une personne, une adversité qu’elle a vaincue. Tel est son dernier message à partir de 2023 en reprenant les concerts. Tout simplement « Femme ».  

Peut-être une ingénue « Pimper’s paradise » de Robert Nesta Marley. Ou un troublant « Le grand dragon rouge … » de William Blake. Ou bien encore l’irrévérencieux de puissance « Sans plus attendre » de Rob Reiner. La vie de Hanitriniala Lalie Louise Andriamazava décédée à 48 ans, hier dans la matinée, est à la hauteur d’une œuvre artistique. Du succès, des strasses et des paillettes, à l’opprobre de la déchéance et au final un retour en grâce. Après un dernier baroud d’honneur d’une étoile mourante, elle s’est éteinte dans la majesté du drame. Ses deux derniers jours avant son départ définitif auraient été difficiles selon des sources proches de la défunte. « Que son âme repose en paix » a écrit Tovo J’hay dans son compte Facebook. La diva mérite ses paroles. Jusqu’à son dernier souffle, sa famille, ses frères et sœurs de scène, ses amis… ont tout tenté. L’appel à l’aide à travers les réseaux sociaux, l’urgence l’exigeait. Malgré les annonces ici et là, le bouche à oreille, son destin a déjà été plié. Madagascar perd l’une de ses meilleures voix, de l’époque pré « vocoder ». 

Dans les années 90, une frêle demoiselle à la voix souple et claire chante auprès de Dô Rajohnson, le titre « Miaraka aminao ». La chanson devient culte à travers les bals de mariages et de fiançailles. Avec un clip en couleurs cousu main, le public voyait alors en Lalie une de ces chanteuses sur le point de remplir la liste d’une typologie en vogue de stars féminines. Des modèles puritains limite sainte–nitouches à l’image de la gentille poupée sortie tout droit du catéchumène dominical. Il suffisait de voir leur accoutrement sur scène pour comprendre. L’époque et ses bouleversements allaient quelque peu bouleverser cela. Car dans sa génération se trouvait des Tovo J’hay, des Nanie… des gens voulant s’émanciper de ce courant musical aux relents de bande originale de « série B » mélange de country/pop, folk nostalgique et variété franco–italienne. Puis vint « Feo roa », un duo sublime et culte avec Nanie, plus qu’une amie, presque une sœur. Lalie a fini, à la manière d’une comète, par inscrire son nom dans le livre d’or de la musique malgache. Elle domine le paysage musical, égrène les titres et les collaborations. 

Toutefois le monde du showbizz a aussi sa part souterraine faite de substances et de promesses enivrantes d’éternité du succès. Petit à petit, elle s’efface, aspirée par le tourbillon de l’isolement pour apparaître dans les rues de la capitale, errante, méconnaissable, accablée, le néant dans le regard. Sa voix unique n’a pourtant jamais changé. La jeunesse combinée aux imprudences peut faire vaciller même les plus éclairées. Après tout, elle n’est qu’un être humain. D’un côté, cette société tananarivienne n’est pas trop l’amie des « mauvaises herbes » ainsi le chantait George Brassens.  A la  suite d’une vidéo publiée sur Facebook par une internaute devenue un bouc émissaire, puis lynchée par le « réseausphère », Hanitriniala Lalie Louise Andriamazava se remet en selle avec la douleur d’une mère, d’une écorchée vive, d’une âme devenue solitaire…chargée sur ses épaules. Son courage mérite tous les honneurs, d’oser de nouveau se montrer en public après avoir subi autant l’opprobre. Elle pourrait figurer dans une œuvre de Caravage, un autre écorché vif, épris des âmes torturées munies d’une douce spiritualité et d’une résilience indélébile. 

C’est son histoire, l’histoire d’une de ces femmes que les épreuves n’ont pas réussi à jeter aux égouts et les canalisations. Si certains le redoutaient. Sur scène en 2023, elle retrouve le sourire. Elle se reconstruit avec ce brin de fierté teintée de timidité parfois déconcertante pour ceux ou celles qui ne la connaissent pas. L’amour du public reste le carburant de l’artiste, elle n’y déroge pas. Les projets s’alignent. En 2024, le destin en a décidé autrement. La maladie l’immobilise dans son élan. Inutile maintenant de revenir sur les diagnostics et les soins. Hospitalisée il y a quelques mois, elle ne savait pas à ce moment-là que ses jours étaient comptés.     

Maminirina Rado  

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