Les femmes dans certains districts du Sud sont désespérées face au manque de nourriture. 1,2 million de personnes sont directement concernées par l’insécurité alimentaire dans cette partie de l’île.
« Pas de quoi nourrir les bébés, à part les fruits de cactus rouge poussant au bord de la route ». Cette réalité inquiétante, la directrice exécutive du Programme Alimentaire Mondial (PAM) Ertharin Cousin l’a vue à travers les confessions de femmes dans le district de Tsihombe, lors de sa visite dans le Sud de Madagascar. En effet, dans le cadre de sa visite officielle dans la Grande île, tout récemment, elle a constaté de visu l’étendue de la situation dans le Sud en matière d’insécurité alimentaire et le risque de voir cette situation s’aggraver au cours des prochains mois. D’après le PAM, les résultats préliminaires d’une évaluation de la sécurité alimentaire conduite par plusieurs organisations, indiquent que quatre des neuf districts dans le sud vont probablement entrer dans la classification « urgence » avant la fin de l’année.
Trois ans de sécheresse. Cette situation d’insécurité alimentaire résulte de trois années consécutives de sécheresse dans cette partie Sud de Madagascar, effets du phénomène climatique El Niño qui a entraîné de sérieuses baisses de la pluviométrie dans le sud de l’Afrique. Les espoirs de récolte ont été vite anéantis car rien n’a pu pousser sur des terres devenues arides car privées de pluie. La directrice exécutive du PAM a qualifié la situation d’« extrêmement préoccupante » car il s’agit d’une situation de faim et de malnutrition touchant les populations dans plusieurs districts du Sud. Pour essayer de survivre, les ménages, désespérés, sont contraints de vendre leurs biens tels terrains et maisons, ou ont recours à la mendicité, ou alors décident de migrer. D’après le PAM, « quatre ménages sur dix ont déjà consommé leurs stocks de semences qui sont pourtant vitaux, ce qui ne leur laisse rien pour la saison des semis de novembre/décembre prochain ».
Solutions pérennes. Des solutions durables pour en venir à bout de ce problème récurrent de la sécheresse et de la faim dans le Sud de Madagascar, ont pourtant déjà été pensées et rassemblées dans le cadre d’une large concertation nationale tenue en début d’année et à laquelle ont participé l’ensemble des acteurs engagés dans ce processus visant le long terme. Il a été constaté que le manque de coordination des actions représente un frein à l’amélioration de la situation sur le terrain. Pour l’instant, les populations survivent grâce à des interventions du PAM et de ses partenaires, mais leurs actions sont sous-financées. Si les besoins du PAM sont estimés à 92 millions de dollars, il lui manque 78,5 millions de dollars. « Nous devons recevoir le financement nécessaire afin de répondre avant qu’il ne soit trop tard. Ce financement nous permettra également d’investir dans les moyens de subsistance des populations ; ainsi, non seulement nous sauvons mais également changeons des vies et brisons le cycle des réponses d’urgence », a déclaré la directrice exécutive du PAM. Et d’ajouter, face à la détresse des femmes qui n’arrivent plus à trouver de quoi nourrir leurs bébés, excepté les fruits de cactus : « Il est essentiel, dans ces situations, que nous et nos partenaires nous assurions qu’aucun enfant ne souffre de la faim et que chaque enfant obtienne la nutrition dont il a besoin ».
Interventions. Le PAM de souligner alors qu’avec un financement adéquat et en soutien à la réponse humanitaire du gouvernement, il intensifiera ses opérations à partir de novembre afin d’atteindre jusqu’à un million de personnes à travers une assistance alimentaire en nature et en espèces. Le PAM élargit également son programme de prévention de la malnutrition modérée aiguë chez plus de 200 000 femmes enceintes, mères allaitantes et enfants de moins de 5 ans. De même, en appui à la prochaine campagne agricole, il distribuera à partir de ce mois d’octobre des vivres aux personnes vulnérables, en complémentarité avec les activités de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture qui fournira des outils et des semences résistantes à la sécheresse.
Actuellement, le PAM fournit, tous les jours d’école, un repas chaud à 230 000 élèves du primaire. Pour la plupart de ces enfants, le repas scolaire constitue le seul repas nutritionnel de la journée. A partir du début de 2017, le PAM, en collaboration avec le gouvernement, l’UNICEF, la Banque Mondiale et les autres partenaires, prévoit d’atteindre plus d’enfants à travers l’alimentation scolaire.
Hanitra R.