
Les pro-coloniaux et les nationalistes existent depuis l’installation française à Diégo-Suarez. Durant de longues années, la ville est confrontée à une ambiance politique acharnée et mouvementée. En outre, base navale française, ville industrielle, Antsiranana accueille des travailleurs de diverses régions. Ceux- ci adhèrent aux mouvements nationalistes. Quant aux nobles et ampanjaka, ils prouvent leur attachement à la France. La

ville de Diégo-Suarez est animée par les deux tendances politiques.

Les nationalistes : porteurs d’espérance. Influencés par les idéologies de Jean Ralaimongo depuis 1936, les nationalistes d’Antsiranana portent le flambeau après la mort de leur aîné. Grace à leur charisme et leur caractère volontaire, ils arrivent à convaincre la population locale à joindre l’idée nationaliste. La faiblesse de la France à la fin de la Seconde Guerre mondiale nourrit l’espoir des nationalistes malgaches en général et celui de la population de

Diégo-Suarez en particulier. Cela provoque le renforcement de la propagande du MDRM. Néanmoins l’ambiance de liberté s’achève suite à l’insurrection de mars 1947. A la fin des années 1940, pendant que les leaders nationalistes sont enfermés derrière les barbelés de Nosy-Lava, une nouvelle génération prend le relais. Au début, la revendication était sociale, puis elle prend une forme politique. Imprégnés d’ idées nationalistes, les syndicalistes organisent des grèves contre le pouvoir colonial dans la ville d’Antsiranana. Tout au long des années 1950 la ville de Diégo Suarez est à la une des journaux. Surnommée la ville rouge, Antsiranana est considérée comme la première ville communisante entre les années 1940 et 1960.

1960, un virage inattendu. Les nationalistes connaissent un déclin après l’indépendance. Ils deviennent impopulaires. Comme Justin Bezara, désavoué par son parti AKFM, il va se rallier au gouvernement de Philibert Tsiranana. En 1964, il participe aux élections législatives. Il récolte un score faible de 4%. Dès lors, le nationalisme ferme ses parenthèses dans la région du Nord de Madagascar. Justin Bezara n’a laissé que son nom comme héritage, mais son action est méconnue de la génération actuelle à Diégo-Suarez. Pendant la deuxième république, on a inauguré une Rue qui porte son nom ; rue Justin Bezara. La vieillesse de la génération née de la première moitié du XXème siècle est également une autre raison de l’affaiblissement du nationalisme à Diégo-Suarez. Les piliers de l’anticolonialisme n’ont plus de force. Autrefois qualifiée de ville rouge, Antsiranana change de visage. La population se sent trahie par ses politiciens. Le doute s’installe ! Actuellement, les actions des nationalistes ne sont pas appréciées à leur juste valeur dans la ville d’Antsiranana.
Iss Heridiny