Malade. La filière bovine continue de subir une totale désorganisation, dont les premières victimes ne sont autres que les consommateurs qui, dans certains cas, ignorent qu’ils consomment de la viande bovine dont l’hygiène est douteuse.
Sur les étals des bouchers de quartier, les mères de famille achètent machinalement la ration quotidienne de « hen’omby » qui, à vue d’œil, semble propre à la consommation du moment et qui ne date pas d’hier.
Déplorables
Ce que ces mères de famille ignorent, c’est que dans la plupart des cas, les viandes de zébu sont traitées dans des conditions d’hygiène déplorables. Il suffit de visiter certains abattoirs et tueries de la capitale pour constater que les normes de propreté et d’hygiène sont loin d’être respectées. « Il est vraiment dommage que les ménages consomment de la viande impropre. Les Malgaches ne méritent pas cela », s’indigne un acteur de la filière qui en appelle à plus de prise de conscience de la part des responsables de ces abattoirs. Certaines tueries dégagent, par ailleurs, des mauvaises odeurs pouvant provoquer un inconfort olfactif et des maladies respiratoires pour les riverains.
En voie de disparition
Mais le dérèglement ne se situe pas uniquement au niveau des conditions d’abattage. La filière bovine continue également d’être le terrain privilégié de la mafia. « Une partie de la viande bovine proposée chez les bouchers peut provenir d’animaux volés et c’est dommage car le consommateur peut ainsi être considéré comme complice de vol et de recel », fait remarquer un spécialiste de la filière. Notre interlocuteur rappelle que « si la viande de zébu, pourtant issue d’un élevage à cycle long, est moins chère que la viande de porc ou la viande de poulet, c’est bien parce que son origine n’est pas claire ». Par ailleurs, les femelles qui sont interdites à la vente sont abattues par des opérateurs sans scrupule.
Vu le faible revenu que l’élevage de zébu leur rapporte, et compte tenu de l’insécurité qui règne dans la filière bovine, les éleveurs rechignent à élever les zébus. Aujourd’hui, les chiffres montrent que la Grande île ne compte plus que 6 millions de têtes de bovidés pour 30 millions d’habitants. En 1972 pourtant, Madagascar disposait encore de 12 millions de zébus pour 6 millions d’habitants. La filière est en voie de disparition et sans mesures drastiques pour la sauvegarder, elle se meurt petit à petit.
Aménagement fiscal
L’une des solutions pour sauver la filière bovine est la mise en place d’abattoirs véritablement professionnels et respectant les normes d’hygiène et de traçabilité des animaux lors de leur acquisition. Un assainissement approfondi du secteur est également de mise. Cela concerne aussi bien les conditions d’abattage des zébus que les modalités d’élevage. Cela inclut, entre autres, l’accompagnement des éleveurs en matière de nutrition animale, la mise en place de parc ou de fermes d’engraissement de façon à gagner en volume sur chaque animal abattu, d’un programme d’insémination des zébus ainsi que le respect strict des règles comme l’interdiction d’abattage de femelles et l’abattage de mâles castrés uniquement.
Une réforme de la fiscalité sur la filière apparaît aussi comme incontournable. L’existence d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 20% sur la viande provenant des abattoirs formels et respectant les normes d’hygiène et de santé rend ces produits très peu concurrentiels face à la viande provenant des abattoirs informels ou qui font fi des règles d’hygiène. Une telle réforme devrait encourager les investissements dans un secteur miné par le secteur informel et par la recrudescence des vols faute de mesures concrètes pour exiger la traçabilité des animaux à abattre.
R.Edmond.
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