
Depuis leurs villages d’origine, quand un élève obtient un bon résultat scolaire, la famille s’organise pour le subventionner. Cette sociologie scolaire apporte des échos sur la réussite des enfants tsimihety dans tous leurs parcours scolaires.
Dans l’histoire du Nord-ouest, les groupes tsimihety sont mal connus par les chercheurs. Grâce à l’implantation de la colonisation, ainsi que l’entrée en contact avec la « nouvelle civilisation », leur identité émerge. Ce groupe de population connu sous le nom de la « démocratie traditionnelle », se cristallise grâce à l’éducation. A partir de 1946, ils apparaissent comme des éléments incontournables dans la vie politique malgache. Les années 1950 marquent l’apprentissage politique des élites de la région Sofia grâce aux élections. Les élites scolaires entrent dans l’arène politique par le biais des élections à l’Assemblée constituante française et aux représentants des conseillers provinciaux. Dans la province de Majunga, nombre de députés et de sénateurs sont majoritairement tsimihety, grâce au rôle de l’administration. La résistance des Tsimihety à toutes contraintes et dominations se transforme en combat politique et en effort déscolarisation. D’une part, l’administration les utilise contre les traditionalistes sakalava (les hommes de l’ampanjaka) et d’autre part, pour contrarier leurs adversaires politiques merina au sein du MDRM. Ces derniers sont considérés par les autochtones comme les anciens dominateurs de leur région. Les Tsimihety, en tant que groupe de population spécifique du Nord, qualifié par Françoise Raison-Jourde de « Nord actif », la fondation du parti politique PSD en 1956, accentue leur domination de la scène politique des côtiers, et deviennent les concurrents des Merina et des Betsileo que lorsque Philibert Tsiranana est élu le premier Président de Madagascar.
La prédominance des élèves tsimihety dans les écoles régionales d’Analalava et de Maroantsetra est palpable. Parmi les quatorze écoles régionales de la Grande île, celles d’Analalava et de Maroantsetra, les élèves tsimihety sont nombreux. les villageois, même les plus éloignés scolarisent leurs enfants. Les populations tsimihety migrent volontiers, et deviennent des éléments intégrants des groupes de la population du Nord, Nord-est et du Nord-ouest (les Sakalava, les Antakarana, les Betsimisaraka même les Sihanaka). Ce dynamisme social a des impacts sur l’évolution globale de la population malgache. Le terme « Mandehandeha mahita raha, mipetraka an-trano mahita jôfo » ou « la migration permet de trouver des choses, rester chez soi ne découvre que des cendres » est un dicton connu, affirmant leur goût de l’aventure. Avant la période coloniale, des raisons expliquent les migrations tsimihety, comme l’insécurité (pillages des Marofelana), la recherche des terres pour l’agriculture et l’élevage bovin et caprin et surtout la richesse. Ces coutumes migratoires prennent des racines depuis l’enfance. A cause des difficultés de la vie, ils cherchent des moyens pour réussir. Exemple typique, la collaboration avec les étrangers et les migrants (Betsileo et Merina) en cas de besoin. Travailler avec les Français constitue un moyen de s’épanouir et de surpasser les autres. Grâce aux migrants avec les idées anticoloniales, ils les rallient pour lutter contre les injustices foncières et des oppressions coloniales. En effet, face à cette situation, l’aventure scolaire est une meilleure échappatoire à toute forme de domination. Ensuite, toutes formes de déplacement ont des objectifs clairs, c’est-à-dire chercher une meilleure vie et se défendre contre les autorités locales. Bref, cette expansion selon Razafimahafaly J.O constitue « les résultats de l’esprit d’indépendance qui se manifestent sous forme d’expansion territoriale et la fuite ».
L’ « exode tsimihety ». Si avant la colonisation, la migration tsimihety s’effectue presque d’une manière définitive, elle change pendant l’époque coloniale. Le pouvoir colonial encourage la mise en valeur des terres des ancêtres pour payer la fiscalité. A cause de l’inégalité du partage des ressources naturelles des régions ainsi que la baisse de productivité familiale à cause du nombre d’ enfants en charge, les enfants ont une volonté de se déplacer. Mais, le climat constitue un élément explicatif du dynamisme des Tsimihety.
Les Malgaches ont une base culturelle unique comme une langue commune ou bien la croyance au Zanahary (Dieu). Celle-ci se heurte à la culture occidentale qui apporte des mutations majeures sur l’évolution de la nation malgache. En matière d’enseignement, l’inégale répartition du nombre des lettrés permet de comprendre la capacité de chaque région ou chaque société malgache d’accueillir un courant de pensée étrangère. C’est ainsi que chacune des 14 écoles régionales de la Grande île, jouit de sa particularité dans le cadre de la formation des élites coloniales.
Recueillis par Iss Heridiny