Hier, le président par intérim a convoqué une réunion de l’Organe Mixte de Conception élargie au niveau de la Région Menabe.
A peine de retour au pays après avoir assisté à l’Assemblée générale des Chefs d’Etat et de gouvernement des Nations Unies qui s’est tenue à New York, le président par intérim s’est rendu à Morondava où, une émeute s’est produite la semaine dernière suite à la libération provisoire de deux détenus accusés de « dahalo » par la population locale. Hier, Rivo Rakotovao a convoqué une réunion de l’Organe Mixte de Conception élargie au niveau de la Région Menabe. Au cours de cette descente, il a aussi ordonné la fermeture de la « Radio Fréquence Plus » locale. D’après les informations, avant de monter dans l’avion pour le vol retour, le président par intérim a remis la lettre de fermeture de « Fréquence Plus Menabe », au Préfet de Police local, tout en ordonnant à ce dernier de signifier les responsables de la radio à propos de la décision. Pourtant, de sources bien informées, cette décision de fermeture n’a pas été évoquée au cours de la réunion de l’OMC local. En tout cas, c’est ce qu’a affirmé Mamod’Aly Hawel, député de Morondava et non moins propriétaire de la « Radio Fréquence Plus Menabe ». En tant qu’élu, ce dernier a assisté à la réunion de l’Organe Mixte de Conception.
Insubordination hiérarchique. La fermeture d’une radio privée figure donc parmi les premières décisions prises par Rivo Rakotovao en tant que président par intérim. Faut-il rappeler qu’au mois de juillet 2016, alors qu’il était ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Equipement, et président national du parti « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara », Rivo Rakotovao a fait emprisonné les deux journalistes de « Madagascar Matin », en l’occurrence Jean Luc Rahaga et Didier Ramanoelina. L’on se demande également si la fermeture d’une station de Radio appartenant à un député MAPAR, en la personne de Mamod’Aly Hawel n’a pas été fomentée par le parti HVM. En effet, la lettre de fermeture comporte belle et bien la signature du ministre de la Communication et des Relations avec les Institutions Riana Andriamandavy VII. Ce dernier n’était pourtant pas du voyage pour cette descente à Morondava. L’on sait juste que le Premier ministre Ntsay Christian n’a pas été avisé de ladite décision. C’est pourquoi, bon nombre d’observateurs accusent Riana Andriamandavy VII d’insubordination hiérarchique vis-à-vis de son patron. Cette situation rappelle ce qui s’est passé durant la Transition de 2009, où des membres du gouvernement ont complètement ignoré le Premier ministre de consensus Jean Omer Beriziky dans leurs prises de décision. A l’époque, des ministres, en l’occurrence Harry Laurent Rahajason alias Rolly Mercia qui est actuellement Conseiller spécial du président par intérim Rivo Rakotovao, a boycotté les Conseils du gouvernement pendant plusieurs mois.
Attributions courantes. En tout cas, cette émeute à Morondava est en train de provoquer un conflit de compétences entre Rivo Rakotovao, président par intérim et Ntsay Christian, Premier ministre. En tant qu’intérimaire, le premier n’a pas le droit de convoquer une réunion de l’Organe Mixte de Conception. Ceci relève de la compétence du Chef du gouvernement qui assure désormais la Présidence de l’OMC au niveau national. En effet, la Constitution dans son article 65 alinéa 9 stipule que ,c’est le Premier ministre qui « assure la sécurité, la paix et la stabilité sur toute l’étendue du territoire national dans le respect de l’unité nationale, à cette fin, il dispose de toutes les forces chargées de la Police, du maintien de l’ordre, de la sécurité intérieure et de la défense ». L’Avis n°07-HCC/AV de la Haute Cour Constitutionnelle relatif à la demande d’avis sur les attributions courantes du président de la République prévoit aussi que, le président de la République par intérim ne peut pas exercer les mêmes attributions que celles du président élu. Il n’est pas non plus le Chef suprême des Forces armées donc, il ne peut en aucun cas, réunir les responsables au niveau de l’Armée, de la Gendarmerie et de la Police nationale. Cette décision de fermeture de la « Radio Fréquence Plus Menabe » risque d’envenimer la situation à Morondava. Il convient pourtant de noter que 24h après les faits, le calme était déjà revenu sur place suite à la prise de responsabilité de la Primature et des autorités locales. A l’allure où vont les choses, la cohabitation à la tête de l’Exécutif risque d’être difficile.
Davis R