
Faire en sorte que les formations pédagogiques aident les étudiants à répondre efficacement aux besoins des entreprises, voire de l’Etat, tel est l’objectif de cette nouvelle méthodologie d’apprentissage dans l’enseignement technique et de formation professionnelle.
«Depuis toujours, la plupart des centres de formation professionnelle ou les établissements de l’enseignement technique ont eu leur propre manière de transmettre les connaissances et les savoir-faire aux étudiants. Ces diversités de méthodologies d’apprentissage ont parfois tendance à provoquer l’existence de lacunes chez les stagiaires puisqu’ils ne savent plus exactement quelle méthode est la plus efficace. Ce qui ne fait que mettre en péril leur avenir professionnel», explique le Dr Sabir Ratovonasy, directeur de l’Institut National de Formation pour les membres du personnel de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (INFor), rattaché au ministère de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (MEETFP). Raison pour laquelle, ledit institut, en bénéficiant de l’appui de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), a opté pour la mise en œuvre d’une méthodologie d’apprentissage unique et reconnue au niveau international: l’Approche par Compétence (APC).
Education de qualité. La méthodologie APC est une nouvelle approche qui n’exige pas l’utilisation de matériels sophistiqués pour les formations pédagogiques, mais réclame en revanche une éducation de qualité. «Elle s’aligne à l’axe 4 de l’Objectif de Développement Durable qui exige une éducation de qualité pour l’enseignement technique et la formation professionnelle». Cette approche a pour objectif de trouver la meilleure stratégie pour une insertion professionnelle des jeunes après leurs formations. «Après la promotion de l’APC, l’on a constaté que les entreprises se sont rapprochées davantage du ministère de tutelle pour une meilleure insertion des jeunes issus des CFP et des établissements d’enseignement technique. Cela, car les étudiants sont devenus plus assidus après avoir su que les formations dont ils bénéficient dans le cadre de cette méthode sont immédiatement applicables dans les entreprises», témoigne le directeur de l’INFor. Notons que ce dernier est membre de Young African Leadership Initiative Madagascar 2015. Durant le sommet à Washington en août 2015, il a pu rencontrer et poser des questions professionnelles au président des Etats Unis d’Amérique, Barack Obama.

Vers la création de curricula de formation pédagogique
Ainsi, à l’heure actuelle, 25 méthodologues issues de toutes les régions de Madagascar bénéficient d’un renforcement de capacité pour devenir des inspecteurs pédagogiques en APC. Des formations qui entrent dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique Nationale de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (PNEFP) déjà votée auprès de la Chambre Basse. «A l’issue de ces formations, ces inspecteurs pédagogiques, forts d’une expérience pédagogique et professionnelle, qui ont une parfaite maitrise de la langue française, avec des diplômes de Licence et de Maitrise, s’attèleront pour créer les curricula de formation respectant les normes internationales à utiliser au niveau de tous les établissements publics de l’enseignement technique et de formation professionnelle à travers le pays», poursuit le Dr Sabir Ratovonasy. Le but est de faire en sorte que les étudiants issus de ces établissements puissent être immédiatement opérationnels et répondre efficacement aux besoins de l’Etat et des entreprises en matière de compétences professionnelles. «Mais pour y arriver, nous avons besoin d’un enseignement technique réactif et d’une formation professionnelle moderne. La modernité est l’assurance de la prospérité. Et dans toute prospérité, il faut qu’il y ait une innovation puisque cette dernière constitue le fondement de la prospérité», confie notre interlocuteur.

Les CFP pour les femmes aussi
Après la création des curricula, place à l’analyse de la situation du marché du travail (AST). «Ces méthodologues vont faire en sorte d’avoir des rencontres avec les chefs d’entreprises afin de leur demander directement leurs attentes en termes de compétences des étudiants. Après s’ensuivra la création d’un référentiel de compétence qui conduira à la création d’un référentiel de formation», rajoute le Dr Sabir Ratovonasy. L’APC est à appliquer dans tous les centres de formation professionnelle dans tout Madagascar. Et les établissements privés ne seront pas en reste, selon toujours les explications. «Et ce qui nous réjouit, c’est que les CFP pour les femmes mis en place par la Première Dame, Voahangy Rajaonarimampianina bénéficieront également de ces innovations apportées par l’APC», a déclaré le directeur de l’INFor.
25 curricula avant la fin de cette année
Après les formations de renforcement de compétences, le but est de faire en sorte que les inspecteurs pédagogiques puissent créer chacun un curricula de formation avant la fin de cette année, selon toujours les explications. En d’autres termes, 25 curricula seront créés avant la fin de l’année 2016 par les méthodologues. Puis, ces derniers assureront un partage d’expériences pour d’autres méthodologues. «Et pour ce qui est de l’année 2017, nous allons faire en sorte que tous les établissements publics de formation professionnelle et d’enseignement technique puissent avoir des curricula de formation directement opérationnels», souligne le Dr Sabir Ratovonasy. Mais jusqu’ici, plus de 14 curricula de formation ont déjà été créés par l’INFor, avec l’aide d’autres départements ministériels. Les résultats obtenus ont été palpables, puisque une hausse du nombre de candidats admis au Bac technique session 2015-2016 a été enregistrée après que les curricula de formation aient été harmonisés. A titre d’explications, ces curricula sont les bases de formations qui devraient être appliquées dans toutes les formations pédagogiques de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Mais pour la création d’un curricula, les méthodologues doivent d’abord élaborer les référentiels de métiers qui résultent des besoins des entreprises, pour en arriver à l’élaboration des référentiels de formation qui seront transformés en curricula.