
Les avis divergent. Les uns soutiennent la tenue du Sommet de Francophonie dans la Grande île, les autres, plus sceptiques, avancent que l’Etat devrait se concentrer sur les problèmes majeurs qui touchent directement la population : insécurité, inflation grandissante, problèmes d’énergie, etc. Pour Erick Rajaonary, président du FIVMPAMA, c’est toute la population qui doit bénéficier des retombées de ce sommet.
–Vous venez de rentrer d’une mission à Maurice, comment les Mauriciens voient-ils la tenue du Sommet de la Francophonie à Antananarivo ?
Tout simplement une aubaine pour Madagascar. Quand il s’agit d’accueillir un évènement haut de gamme, aucun pays ne refuse une telle opportunité. Au contraire, on se bat pour abriter une telle rencontre.
–Vous croyez vraiment que la tenue du sommet à Madagascar soit une aubaine pour les Malgaches ? Car des partis politiques, des groupements de la société civile, voire de simples citoyens affirment qu’il s’agit d’une « capitulation » à l’endroit de la France.
En 2010, nous devions déjà accueillir ce sommet de la Francophonie mais cela ne s’est pas fait pour les raisons que nous savons. Alors pourquoi parler de capitulation maintenant ?
La francophonie, c’est 275 millions de personnes, 16% du PIB mondial, 14% des réserves mondiales en ressources minières et énergétiques, c’est un espace à 7 milliards 200 millions de dollars. Les retombées de ce sommet sur le plan diplomatique, économique et culturel ne sont pas négligeables. Il ne faut pas oublier que les Sommets de la Francophonie sont des rencontres des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’OIF. Outre les retombées économiques sur le tourisme et l’hôtellerie, les infrastructures routières construites dans le cadre de ce sommet resteront nos biens. Toujours est-il que les opérateurs touristiques (hôteliers notamment) ont besoin des confirmations des réservations bien à l’avance pour pouvoir gérer le flux de clientèle. Madagascar est un pays ouvert, à nous de profiter des nombreuses retombées de ce sommet.
–Vous croyez que notre pays peut se permettre d’accueillir ce sommet alors que 90%
des Malgaches sont pauvres ?
Je vous retourne la question : la réduction de la pauvreté va prendre combien de temps ? Faut-il « bannir » Madagascar de la scène internationale parce que la lutte contre la pauvreté va prendre du temps ? Vous ne croyez pas qu’une telle position s’apparenterait à une « auto flagellation diplomatique »? Ne soyons pas négatifs. Il y aura une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement qui seront là. Le défi serait de promouvoir « une mémorabilité forte » capable d’alimenter un « marketing viral » au profit de la « destination Madagascar ».
-Vous faites preuve de beaucoup d’optimisme. Toutefois, le pessimisme est là. Et nombreux sont ceux qui sont contre la tenue de ce sommet. Qu’auriez-vous à leur dire ?
Je respecte l’avis de chacun. En tant que président du FIVMPAMA, je voudrais souligner que la tenue de ce sommet chez nous constitue une véritable bouffée d’oxygène pour le secteur privé, notamment touristique et hôtelier. D’autant plus que cette fois ci, ce sommet va donner une substance au concept de « francophonie économique » puisque son thème est axé sur « Croissance partagée et Développement responsable ». Ce qui va dans le sens de mon combat quotidien, à savoir « halte à la politique politicienne » et faisons beaucoup plus preuve de « patriotisme économique ».
–Un dernier mot pour conclure ?
Le sommet de la Francophonie ne pourra qu’être bénéfique pour Madagascar à condition que les retombées profitent à toute la population mais pas à une minorité. En acceptant d’accueillir ce sommet, Madagascar doit être en mesure de répondre aux normes requises, notamment aux équipements aéroportuaires, infrastructures d’accueil et bien sûr à la sécurité des biens et des personnes. A défaut, l’image de notre pays risque d’être controversée. Je souhaite que ce sommet ne soit pas un sommet de la discorde, mais un sommet mobilisateur.
Propos recueillis par R.O.