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vendredi, mai 16, 2025
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Evaluation des risques financiers : Le Bureau d’information sur le crédit, opérationnel en janvier 2020

Le Crédit Bureau permet de favoriser l’obtention de crédits, grâce à la garantie de réputation, selon Oscar Madeddu, expert de l’IFC.

Absence de garantie, difficultés d’accès au crédit, taux d’intérêt élevé, procédures trop lourdes, etc. Autant de problèmes favorisés par l’asymétrie d’information représentent un frein à l’inclusion financière à Madagascar, selon Oscar Madeddu, expert de l’IFC. Selon lui, la mise en place du Bureau d’information sur le crédit (BIC) sera la solution à ces problèmes. Interview.

Midi Madagasikara (MM). Comment le BIC a été créé ? Quel est l’intérêt ?

Oscar Madeddu (IFC). En 2005, la Banque mondiale et Société Financière International ou International Finance Corporation (IFC) a créé le Credit Bureau Program ou Bureau d’Information sur le Crédit (BIC). Le but est d’aider les Gouvernements et les régulateurs dans le monde à créer de l’infrastructure financière, à la base de l’inclusion financière, de l’accès au crédit. Avant, il n’y avait que 3% de la population qui étaient considérés par les banques. Les 97% étaient oubliés car faute d’information, ils présentaient beaucoup trop de risques. Après la mise en place du Programme Crédit bureau, lancé dans 80 pays, les crédits accordés ont considérablement augmenté. Nous savons qu’il y a beaucoup de demandeurs de crédits qui peuvent rembourser, qui peuvent lancer des activités productives, et ont des besoins de financement. Mais les banques ne peuvent pas les financer si elles ne disposent pas d’informations. En Afrique, il y a déjà 33 pays où le Crédit Bureau est appliqué, ou en cours de développement.

  1. Pour Madagascar, où en est-on exactement ?

IFC. La mise en place du BIC est un projet qui s’opère sur trois ans. Il est complexe et nécessite beaucoup d’éducations financières. Il faut faire comprendre aux régulateurs et aux banques l’importance de partager les informations. Il faut un peu de temps pour comprendre qu’il y a un résultat de bien commun en partageant les résultats. Depuis le début du processus à Madagascar, nous avons mené 21 activités avec la Banque Centrale de Madagascar (BFM), notamment la création de la capacité de la BFM à être un superviseur de Crédit bureau, par exemple. Le développement du Crédit bureau a pris 12 mois. Ensuite, un appel d’offre international a abouti au choix du fournisseur international appelé CRIF, un des cinq grands Crédits Bureaux internationaux dans le monde. Le démarrage est prévu en janvier 2020. Une Conférence internationale sera organisée mardi prochain, et sera assistée par les Banques, les IMF, les entités de téléphone mobile, etc. Pour montrer à ces fournisseurs de services, quels sont les bénéfices réels de l’utilisation du BIC.

  1. L’accès au crédit reste difficile surtout pour les petits et moyens agents économiques, même les entreprises. Que peut-on espérer du BIC pour résoudre ce problème ?

IFC. Les PME (Petites et moyennes entreprises) ont des difficultés à avoir accès au crédit à cause de trois problèmes principaux. D’abord, parce que ces entreprises sont opaques. Ils n’ont pas d’états financiers précis. Ils préparent juste les documents pour la banque, donc les données ne sont pas réelles, pas de garanties. Ensuite, les banques ont besoin de garanties comme les immeubles, les terres, etc. Les PME ne peuvent pas fournir tout cela. Le problème est la faute d’informations sur les PME. Donc si on est capable de remplacer cette garantie par une garantie de réputation, on a une masse de possibilité d’engager les PME. Cela veut dire que l’entreprise est en mesure de prouver qu’elle est bon payeur vis-à-vis de ses débiteurs, durant les deux dernières années, par exemple. Cela aide beaucoup les invisibles dans le secteur informel à montrer sa capacité de s’acquitter de leurs obligations. Ces données ne sont pas disponibles dans les centrales de risques, mais on peut les avoir avec le Crédit Bureau. On peut bâtir un système de score que les banques peuvent utiliser. Aux Philippines, le système d’historique de crédit est utilisé par les opérateurs de banque mobile. Ils accordent des petits prêts à travers le téléphone mobile. Au départ, c’est de 200 euros sur 3 mois, par exemple. Si c’est bien payé, ils doublent le montant, ainsi que la durée de remboursement. Le client dispose de 400 euros sur 6 mois ; ensuite de 800 euros sur un an… Cela est basé sur la réputation du client, et cette solution permet de résoudre le problème de garantie. Par ailleurs, avec l’accroissement des crédits, la concurrence réelle sera créée entre les institutions financières et permet donc de baisser le taux d’intérêt. Avec la disponibilité d’informations, il permet également de réduire les coûts d’octroi de prêt. On peut automatiser 70% à 90% des prêts accordés par les banques, tout en réduisant les mauvaises créances pour les banques.

  1. Comment le BIC peut recueillir les informations ?

IFC. Les fournisseurs d’informations sont obligés par la loi à envoyer des rapports. Il s’agit des banques, des institutions de micro-finance, des opérateurs de mobile banking, les grandes compagnies comme les fournisseurs en électricité, téléphonie, etc. De leur côté, les consommateurs doivent être informés. Ils doivent donc signer un acte de consentement, stipulant par exemple que, sa banque peut partager les informations avec le BIC. Ces informations sont confidentielles et ne peuvent être utilisées que pour l’évaluation des risques financiers. Elles ne peuvent en aucun cas être utilisées pour le marketing ou autre chose. C’est pour cela que le CRIF dispose d’un serveur sécurisé. Il a investi 6 millions USD seulement pour la sécurité. En effet, un crédit bureau coûte à peu près 5 millions USD, et sa mise en place nécessite au moins 5 ans. Il faut aussi une base légale pour qu’une société de Crédit Bureau veuille travailler à Madagascar. Après des années de mise en place, toutes les banques à Madagascar seront connectées au BIC et enverront les informations sur les crédits en deux secondes, à partir de janvier 2020. De même pour la micro-finance.

  1. Les banques sont-elles enthousiastes à l’idée de mettre en place le BIC ?

IFC. Cela est confirmé dans tous les pays. Au départ, les banques se méfiaient un peu car elles ne connaissaient pas vraiment comment cela fonctionne. Mais maintenant, au Maroc par exemple, il y a deux BIC car les institutions financières se sont rendu compte des avantages. Maintenant, ces banques ne peuvent plus travailler sans ces informations proposées sous forme de service. Il y avait un pays qui a essayé de supprimer le BIC, mais au bout d’une semaine, il n’y avait plus aucun crédit octroyé, car il n’y avait plus d’information. Le gouvernement était obligé d’annuler la loi supprimant le BIC. C’est pour dire que ces informations sont indispensables pour la finance, pour l’inclusion financière et pour promouvoir l’accès au crédit. On espère d’ici 5 ans, avoir 60% de la population dans le système.

Recueillis par Antsa R.

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