Quand il a été ou s’est hissé à la tête de la CAF (Confédération Africaine du Football), Ô combien ne l’a pas –t-on pas loué ? De l’art et la manière dont il a fait preuve en jouant de l’amitié entre les uns et de l’inimité entre les autres, un orfèvre en matière de tactique. Du coup, après un parcours tortueux mais toujours ascendant dans le paysage sociopolitique malgache, on a enfin reconnu sa pugnacité et sa vista des relations de pouvoir. On était tous fier comme jamais d’avoir un enfant du pays à la tête d’une organisation continentale et d’importance, puisque dans cette discipline le continent africain peut se targuer d’être un interlocuteur de taille mondiale.
Mais ce sacre n’est pas au goût de tout le monde, tant sur le continent noir que dans son propre pays. D’abord, comme partout, le monde du sport est dirigé par des dynasties ou des cercles restreints de personnes qui ne lâchent pas facilement les rênes de leur « leadership », voilà pourquoi ces postes ont été occupés par des octogénaires et les exemples ne manquent pas. Maintenant à postériori, on se laisse à penser si la « mise en place» d’Ahmad ne fait pas partie d’un vaste stratagème de la prise en main des « anglophones » dans le moyen terme du poste de président de la CAF. Ainsi, Ahmad n’a été-t-il qu’un « homme –objet » de transition. Puis, ce rang qui est à l’égal de celui d’un chef d’État n’a pas fait que des heureux à Madagascar, même. Le gotha politique a sûrement vu en lui un adversaire politique potentiel pour la magistrature suprême et il a dû être surveillé du coin de l’œil.
Pan ! Le couperet de la guillotine est tombé, écarté de toutes les instances du football le temps d’un mandat de président, condamné à payer une amende significative pour malversations financières et… abus d’autorité sur les employés féminins de la confédération, la peine est claire et immédiate … et le voilà botté en touche.
Mais, sans jouer l’avocat du diable, l’on sait qu’à ce niveau on brasse de grosses masses de devises, que les tours de passe-passe financiers sont légion et que les malheurs n’arrivent qu’à ceux qui sont lâchés par leurs pairs. Ahmad a été piégé dans la nasse des tribunaux d’exception où siègent des juges et à la fois parties d’une confrérie qui ne dit pas son nom. A-t-il pêché par naïveté ou était-il trop présomptueux, en tout cas l’homme est assez malin pour avoir agi sans vergogne et sans mesurer les risques ?
Dans tous les cas, le verdict réglementaire avec les clichés tenaces et accablants semblent achever sa mise à mort comme : « Tous les dirigeants africains en général et les malgaches, en particulier, sont cupides »
Faut-il pour autant abandonner Ahmad comme dans le film « Faut-il sauver le soldat Ryan ? » puisque tout semble le sacrifier. Sous d’autres cieux, la forme agressive des actions géopolitiques consiste à mettre des hommes dans les postes stratégiques, même s’ils sont dans des situations indélicates. Rappelons-nous d’une personnalité que l’on a gardé à la tête d’une importante institution financière bien que condamnée par la justice de son pays mais on se la gardait quand même.
M.Ranarivao